
Récemment, dans le cadre d’une nouvelle étude, des archéologues ont découvert en Chine une sépulture unique vieille de 2 200 ans. Elle appartenait à une femme dont les dents avaient été peintes avec du cinabre, une substance rouge toxique contenant du mercure. Explications.
Du cinabre sur des dents humaines
Le cinabre est un minéral rouge vif composé de mercure et de soufre. Bien qu’il soit utilisé depuis au moins le IXe millénaire avant Jésus-Christ dans les cérémonies religieuses, l’art, la peinture corporelle et l’écriture, c’est la première fois qu’il est découvert sur des dents humaines, selon cette nouvelle étude publiée dans la revue Archaeological and Anthropological Sciences.
« Il s’agit du premier et du seul cas connu d’utilisation du cinabre pour colorer les dents dans l’Antiquité et dans le monde entier », a déclaré à Live Science Qian Wang, auteur principal de l’étude et professeur de sciences biomédicales au Texas A&M University College of Dentistry.
Archaeologists in China have discovered a unique burial of a woman whose teeth had been painted with cinnabar, with a toxic red substance that contains mercury. https://t.co/kdr2C6xjrF
— Live Science (@LiveScience) March 12, 2025
Des archéologues ont découvert ces vestiges inhabituels lors de fouilles dans un cimetière de la ville de Turpan, dans la région du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. D’après les objets culturels retrouvés dans diverses tombes, les défunts appartenaient au peuple Gushi, adepte de la culture Subeixi. Cette culture pastorale équestre où les femmes montaient à cheval à l’aide de selles prospérait dans le bassin de Turpan il y a près de 3 000 ans.
Le cimetière en question se trouvait sur la route principale de la soie. Une datation au radiocarbone a permis de dater le site d’il y a 2 200 à 2 050 ans. Cela le situe à l’époque où la route de la soie et le commerce de marchandises précieuses, notamment le cinabre, étaient importants.
« La Princesse rouge de la route de la soie »
L’une des tombes analysées contenait les restes de quatre individus, dont un jeune. Cependant, un squelette adulte présentait des traces de pigment rouge sur ses dents. Une analyse anatomique a révélé qu’il s’agissait d’une femme décédée entre 20 et 25 ans. Les chercheurs ont prélevé un échantillon de pigment rouge et l’ont étudié à l’aide de trois méthodes de spectroscopie différentes, permettant de révéler la composition chimique d’un échantillon.
Résultat : le pigment était du cinabre, qui avait été mélangé à une protéine animale, peut-être du jaune ou du blanc d’œuf, afin de pouvoir être peint sur les dents de la femme. Cette femme a été surnommé « La Princesse rouge de la route de la soie ».
Les dents de cette femme constituent une anomalie, car la région du Xinjiang n’est pas une région productrice de cinabre. Cependant, les chercheurs ont constaté que celui-ci était extrait et commercialisé le long de la Route de la soie dans l’Antiquité. La Chine et l’Europe, point de départ et d’arrivée de la Route de la soie, étaient les deux principales régions productrices de cinabre le long de cette route commerciale. Il est donc possible que le cinabre du cimetière de Turpan provienne d’Europe, d’Asie occidentale ou d’autres régions de Chine, comme le sud-ouest, où l’on extrayait du cinabre.
Des améliorations esthétiques
« Bien que l’on ignore pourquoi les dents de la femme étaient peintes en rouge, a expliqué Qian Wang, cela pourrait être lié à des améliorations esthétiques, au statut social, au chamanisme, ou à une combinaison de ces facteurs. D’autres momies portant des peintures faciales et des tatouages ont été découvertes dans la région, et même dans le cimetière récemment fouillé. Il est donc possible que la Princesse rouge ait porté des peintures faciales ou des tatouages, des coiffures, des coiffes et des costumes distinctifs pour accompagner ses dents rouges. »
Li Sun, co-auteure de l’étude et professeure de géologie au Collin College au Texas, a souligné à son tour « la dangerosité de l’application du cinabre. Tout au long du processus, de la préparation du pigment rouge à son application dans la bouche, la femme aux dents rouges et ses assistants auraient pu inhaler de fines particules de cinabre ou des vapeurs de mercure. L’inhalation de ces substances est associée à des effets neurologiques nocifs tels que maux de tête, insomnie, tremblements et troubles cognitifs et moteurs. »
Mais, étonnamment, les scientifiques n’ont trouvé aucune trace d’intoxication au mercure dans ses os, malgré des preuves indirectes d’applications répétées au cours de sa vie. « Aucune trace de mercure n’a été détectée dans sa mandibule, ses côtes et son fémur. Peut-être n’est-il pas resté sur ses dents assez longtemps pour permettre à la toxine de se concentrer à un niveau détectable », a conclu Qian Wang.
Par ailleurs, voici pourquoi les archéologues ont peur d’ouvrir la tombe du premier empereur de Chine.
Par Cécile Breton, le
Source: Live Science
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