Des scientifiques ont observé plusieurs membres d’une communauté de chimpanzés du parc national de Loango, au Gabon, appliquer des insectes sur leurs plaies ouvertes, possiblement à des fins thérapeutiques.
Un comportement inédit chez les chimpanzés
En novembre 2019, Alessandra Mascaro, travaillant sur le projet Ozouga Chimpanzee au parc national de Loango, avait observé et filmé une femelle chimpanzé nommée Suzee en train de soigner le pied blessé de son fils, Sia. De façon inattendue, Suzee avait saisi quelque chose entre ses lèvres avant de l’appliquer sur la plaie ouverte. L’analyse ultérieure de la séquence vidéo de l’interaction révélant que la femelle chimpanzé avait en fait placé un insecte sur la blessure de Sia.
Suite à cette première observation, les chercheurs ont continué à suivre Suzee et les quelque 45 autres chimpanzés de sa communauté jusqu’en février 2021. Au cours de cette période, un tel comportement a été documenté chez 22 individus. Dans 19 cas, les chimpanzés attrapaient un petit insecte ailé, le pressaient, puis le frottaient sur leurs propres plaies exposées à l’aide de leurs lèvres ou de leurs doigts avant de le retirer.
Si une telle action pourrait simplement avoir une dimension réconfortante, faisant partie de la culture locale des chimpanzés, les chercheurs estiment qu’il est également possible que les insectes soient spécifiquement sélectionnés pour leurs propriétés médicinales.
« Ils peuvent renfermer toutes sortes de substances étonnantes aux vertus antibiotiques, antivirales, antibactériennes, antifongiques, également susceptibles d’avoir un effet apaisant ou antiinflammatoire », souligne Simone Pika, co-auteure de la nouvelle étude, parue dans la revue Current Biology.
D’importantes implications pour les chercheurs
Selon l’équipe, l’observation de tels comportements chez les chimpanzés pourraient nous aider à comprendre les origines et l’évolution de l’automédication, tandis que les quatre cas d’applications d’insectes sur les plaies de congénères mettent en évidence le comportement prosocial de l’espèce.
« La question de savoir si les animaux autres que les humains adoptent ce type de comportement fait encore débat, mais ces observations en sont un exemple convaincant », conclut Pika.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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