
L’analyse d’échantillons d’ADN provenant de chiens de traîneau groenlandais actuels et des restes de leurs ancêtres a permis d’éclairer la longue histoire de ces animaux essentiels.
Retracer l’histoire des qimmit
Capables de parcourir quotidiennement un centaine de kilomètres, les chiens de traîneau du Groenland, ou « qimmit » en langue locale, sont les fidèles compagnons des populations inuites depuis au moins un millénaire. Au cours des deux dernières décennies, leur nombre a chuté drastiquement, passant de 25 000 individus en 2002 à 13 000 en 2020. Principalement en raison de l’utilisation croissante d’engins motorisés, et de la réduction de la couverture neigeuse ou glacée, conséquence du réchauffement climatique.
Afin de documenter leur diversité génétique et d’orienter au mieux de futurs efforts de conservation, Tatiana Feuerborn, de l’Institut national de la santé américain, et ses collègues ont procédé au séquençage d’échantillons provenant d’individus vivants et d’ossements anciens mis au jour dans différentes parties du Groenland. Un total de 92 génomes ont été obtenus, couvrant des siècles d’histoire arctique.
Leur comparaison à ceux issus de différentes bases de données a notamment révélé une correspondance étroite avec un individu vivant en Alaska il y a 3 700 ans, indiquant que les qimmit appartenaient à un clade distinct de canidés arctiques. Selon l’équipe, une telle découverte renforce l’idée d’un migration rapide des Inuits du nord du Canada vers le Groenland autour du Xe siècle de notre ère, antérieure à l’arrivée des Vikings.

Occupé par ce peuple nordique jusqu’au XVe siècle, le Groenland est devenu un important comptoir commercial, géré par des colons danois et norvégiens, au début du XVIIIe siècle. Contrairement à ce que l’équipe de Feuerborn supposait, des contacts plus étroits avec les populations inuites n’ont pas entraîné de croisements significatifs avec les chiens européens. Globalement, les quatre groupes génétiques identifiés chez les qimmit correspondaient à la dispersion géographique des humains sur l’île arctique.
Une échelle sans précédent
Selon le auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science, jusqu’à présent, les travaux impliquant l’analyse d’ADN de canidés anciens couvraient des périodes et des échelles géographiques nettement plus larges.
« Il s’agit d’une base solide pour les futures recherches basées sur des génomes provenant de populations régionales, qui viseront à préciser l’influence des humains et de l’environnement sur leur évolution », estime Feuerborn. « Ces nouvelles informations sur les qimmit [notamment leurs niveaux de consanguinité et d’introgression] sont précieuses pour assurer la conservation de ces chiens remarquables. »
Il y a quelques années, des analyses ADN avaient confirmé que le chien était bel et bien le plus vieil ami de l’Homme.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
Étiquettes: chien, Groenland, adn
Catégories: Actualités, Animaux & Végétaux