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César 2020 : retour sur une cérémonie houleuse et sous tension

"La difficulté avec cette remise de César à Roman Polanski, c’est qu’on ne célèbre pas simplement l’oeuvre, on célèbre aussi l’homme"

L’actrice Adèle Haenel — Featureflash Photo Agency / Shutterstock.com

Le déroulé de la soirée des César 2020 du vendredi 28 février dernier a provoqué une vague de colère et d’indignation au cours de la cérémonie, mais également sur les réseaux sociaux. En effet, malgré les nombreuses polémiques, Roman Polanski s’est vu attribuer le César de la meilleure réalisation, ainsi que ceux des meilleurs costumes et de la meilleure adaptation, pour son film J’accuse, drame historique franco-italien sur l’affaire Dreyfus. Même si certains s’en sont réjouis, d’autres ont montré leur mécontentement, notamment Adèle Haenel, qui a quitté la salle avant la fin de la cérémonie.

Dénoncer l’hypocrisie du cinéma français

Avant le début de la cérémonie des César, l’ambiance aux abords de la salle Pleyel, où était organisé cet évènement, était placée sous le signe de la colère et de la révolte de militantes. Parmi eux, Alix Béranger, membre du collectif La Barbe, portant une fausse barbe, était au coeur de la foule en brandissant une pancarte “Moins de César, plus de Cléopâtre”. “Ce qui se passe ici est emblématique. Une société où les hommes se cooptent et se distribuent les premières places et les prix”, s’indigne-t-elle.

À la suite de la cérémonie, de nombreux slogans ont également été collés sur les murs des rues du quartier afin de “dénoncer l’hypocrisie du cinéma français, qui ferme les yeux sur le sexisme dans ce milieu où les femmes sont moins bien payées que les hommes”, explique également Manon, militante âgée de 39 ans.

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Durant ces manifestations, la salle Pleyel s’est tout de même rapidement remplie. Si certains ont décliné l’invitation, d’autres, tels que Alain Terzian, pourtant président démissionnaire des César, ont finalement décidé de venir.

Pour la 45e cérémonie des César, Florence Foresti a été choisie comme maîtresse de cérémonie, de quoi rassurer les militantes et les opposants à Roman Polanski. Dans son discours, elle dénonce avec humour et de manière satirique Polanski et les “prédateurs”. 
Plus tard dans la soirée, le prix de la meilleure réalisation est finalement attribué à Roman Polanski pour son film J’accuse. Une annonce qui en a indigné plus d’un, dont Adèle Haenel qui décide de se lever et de quitter la salle en s’indignant : “Quelle honte !”. Céline Sciamma et une centaine d’autres personnes la suivent sans attendre la fin de la cérémonie. 

Une vague de colère sur les réseaux sociaux 

Les prix décernés au cours de la 45e cérémonie des César ont ensuite entraîné une vague de colère sur les réseaux sociaux. Haine et trahison font rage. Florence Foresti s’est d’ailleurs indignée en publiant “ÉCOEURÉE !” sur son compte Instagram. Par ailleurs, Aïssa Maïga, qui avait fait un discours au cours de la soirée concernant la sous-représentation des minorités dans le cinéma, a montré à quel point elle regrette cette soirée : “J’avais besoin de dire ce que j’avais à dire, j’étais portée, mais j’ai constaté un effroi dans la salle. J’avais l’impression de plonger dans un bain de glaçons, comme si certains se sentaient gavés par la question de la diversité.”

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La scène la plus marquante de cette cérémonie restera celle d’Adèle Haenel, de Céline Sciamma et d’une centaine d’autres personnes, dont Aïssa Maïga, quittant la salle Pleyel à l’annonce du prix du César de la meilleure réalisation gagné par Roman Polanski. “J’étais terrassée, effrayée, dégoûtée, dans mes tripes. J’ai pensé à toutes ces femmes qui voient cet homme plébiscité et je pense à toutes les autres, ces femmes victimes de viol et de violences sexuelles.” Déborah François, Laure Calamy, Mati Diop ou encore Sara Forestier ont également dénoncé cette remise de prix. Fanny Ardant avait également montré son mécontentement lorsqu’on lui a remis le César de la meilleure actrice dans un second rôle : “Je ne sais pas quoi penser des récompenses : au début de la Bible, il y a une compétition entre Caïn et Abel. Et ça a mal tourné…

Je ne peux pas accepter ça”, s’est également indignée Frédérique Martz, cofondatrice de Women Safe, une association d’aide aux femmes et aux enfants victimes de violences et invitée par Florence Foresti. Consternée, elle dénonce la tournure de la cérémonie. De plus, Andréa Bescond, réalisatrice du film Les Chatouilles, qui raconte les viols dont elle a été victime dans son enfance, s’est de même exprimée sur son compte Instagram : “Je me reconnais dans les mots de Swann Arlaud, dans les départs précipités et empreints d’une immense colère d’Adèle Haenel, Noémie Merlant et Céline Sciamma, alors tout n’est pas perdu ! À ceux qui publient en faveur de Polanski, (…) ne restons pas en contact, nos discussions seraient stériles, toxiques et chronophages, je n’y tiens pas.

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Dans un climat aussi tendu sur la toile, chacun choisit son propre camp. C’est notamment le cas de Gilles Lellouche qui s’est vu obligé de publier un post de mise au point après avoir reçu des critiques. “C’est mon ami Jean Dujardin que j’ai soutenu et pas Polanski. Je suis, comme beaucoup, choqué qu’on ait pu lui donner ce César là cette année-là, comme je le suis des raccourcis et amalgames qui se font aujourd’hui.

Par ailleurs, les membres de l’équipe du film J’accuse ont été très discrets et ont très peu réagi à l’annonce de ce prix. Seul Jean Dujardin s’est exprimé à plusieurs reprises sur Instagram, notamment à travers une publication, aujourd’hui supprimée, où il expliquait : “Je me casse, ça pue dans ce pays”, en se montrant dans un aéroport parisien portant un masque chirurgical. Emmanuelle Seigner, épouse de Roman Polanski, s’est également exprimée et à montré son indignation contre les militantes et les polémiques concernant les prix remis au film de son mari : “Tout cela est basé sur des mensonges de folles hystériques en mal de célébrité”, puis a supprimé son compte Instagram.

Ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde

Ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde”, s’est exprimée Adèle Haenel samedi dernier à Mediapart, tout en soulignant que les voix des victimes n’ont pas suffisamment été écoutées par les votants. “Célébrer Roman Polanski était un mauvais signal envoyé par cette récompense à un moment où la chape de plomb sur ces agressions sexuelles et sexistes est en train d’exploser dans notre pays. La difficulté avec cette remise de César (…) à Roman Polanski, c’est qu’on ne célèbre pas simplement l’oeuvre, on célèbre aussi l’homme”, s’était également exprimé samedi dernier Franck Riester, ministre de la Culture, sur Europe 1. “Il faut que l’académie des César soit plus en phase avec la société”, a-t-il ajouté.

Si vous tenez tant vous aussi à ce que le cinéma reste une fête, ne violez pas, ne touchez pas les fesses, les seins, les cuisses des femmes qui n’ont pas exprimé leur consentement. Vous ne voulez plus de cris, de manifestations, de scandales, de départs de la salle ? Soutenez les femmes (…) Ne couvrez pas ceux qui sont accusés de viols”, écrit aussi Marlène Schiappa dans une tribune publiée dans Libération.

Après le mouvement #MeToo, nombreux sont ceux qui souhaiteraient que le geste “quitter la salle” se diffuse davantage, signe qui souligne une forme d’indignation et de colère. “Vous avez le pouvoir et l’arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. Vous n’aurez pas notre respect. (…) C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde”, a également affirmé l’écrivaine et actrice Virginie Despentes, dans un texte publié dans Libération le dimanche 1er mars, au nom de toutes les femmes qui se sont exprimées à la suite de cette cérémonie.

Enfin, du côté des associations féministes, le collectif NousToutes considère que l’Académie des César “a littéralement craché au visage des victimes de violences pédocriminelles, au visage des victimes de violences sexuelles et, plus largement, au visage de millions de femmes de ce pays”. C’est la raison pour laquelle le collectif appelle à se rassembler le 8 mars, Journée internationale des femmes.

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Le palmarès complet de la cérémonie

Enfin, nous vous proposons tout de même de découvrir le palmarès complet de la 45e cérémonie des César 2020 :

  • César du meilleur film : Les Misérables de Ladj Ly.
  • César de la meilleure réalisation : J’accuse de Roman Polanski.
  • César de la meilleure actrice : Anaïs Demoustier pour son rôle dans Alice et le Maire.
  • César du meilleur acteur : Roschdy Zem pour son rôle dans Roubaix, une lumière.
  • César du meilleur acteur dans un second rôle : Swann Arlaud pour son rôle dans Grâce à Dieu.
  • César de la meilleure actrice dans un second rôle : Fanny Ardant pour le rôle de Marianne dans La Belle Époque.
  • César du meilleur film étranger : Parasite du Sud-Coréen Bong Joon-ho.
  • César du meilleur premier film : Papicha de Mounia Meddour.
  • César du meilleur scénario original : Nicolas Bedos pour La Belle Époque.
  • César des meilleurs décors : Stéphane Rozenbaum pour La Belle Époque.
  • César des meilleurs costumes : Pascaline Chavanne pour J’accuse.
  • César du meilleur espoir féminin : Lyna Khoudri pour son rôle dans Papicha.
  • César du meilleur espoir masculin : Alexis Manenti pour Les Misérables.
  • César du meilleur court-métrage d’animation : La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel.
  • César du meilleur long-métrage d’animation : J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin.
  • César du meilleur documentaire : M de Yolande Zauberman.
  • César du meilleur film de court-métrage : Pile Poil de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller.
  • César du public : Les Misérables de Ladj Ly.
  • César du meilleur son : Nicolas Cantin, Thomas Desjonquères, Raphaël Mouterde, Olivier Goinard et Randy Thom pour Le Chant du loup.
  • César de la meilleure adaptation : Roman Polanski et Robert Harris pour J’accuse, d’après le roman D. de Robert Harris.
  • César du meilleur montage : Flora Volpelière pour Les Misérables.
  • César de la meilleure photographie : Claire Mathon pour Portrait de la jeune fille en feu.
  • César de la meilleure musique originale : Dan Levy pour J’ai perdu mon corps.

Par Cécile Breton, le

Source: Le Monde

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  • Les gens ne veulent pas aller en prison.La loi interdit que les gens s’expriment.Tout le monde se tait.Un peu comme dans les années 30.
    La définition de la connerie,est à peu près celle-ci:
    Toujours faire la même chose de la même façon,en espérant que le résultat sera différent.