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Ces scientifiques réveillent un monstre de 30 tonnes oublié depuis 140 millions d’années en pleine saison estivale

Os fossile de dinosaure partiellement visible dans un sol sec et craquelé.
L’os fossilisé d’un dinosaure, figé dans le temps et la poussière : un témoignage saisissant de l’ère préhistorique.

Un os vieux de 140 millions d’années ressurgit d’un des plus grands gisements de dinosaures au monde… et chamboule notre vision de l’histoire en Charente.

Il suffit parfois d’un os pour faire renaître un titan oublié. Cet été, à Angeac‑Charente, des paléontologues plongent 140 millions d’années en arrière grâce à un squelette gigantesque : celui d’un Camarasaurus européen inédit, estimé à 30 tonnes. Découvert l’an dernier, ce sauropode de 20 mètres de long bouleverse le monde scientifique. Les fouilles, désormais célèbres, attirent curieux et spécialistes. Des équipes installent une tente pour fouiller l’argile.

Un os d’un mètre révèle une nouvelle espèce de sauropode jamais vue en Europe

Lors de leur 16ᵉ campagne cet été, les scientifiques ont exhumé un os d’un mètre, accompagné d’autres vestiges colossaux. Ces fossiles jaunâtres ou brun foncé, encore partiellement enfouis, s’alignent comme un puzzle préhistorique. Sous une tente protectrice, les chercheurs extraient ces pièces fragiles à genoux. Ensuite, ils les consolident avec soin dans des coques de plâtre avant de les sortir. Chaque bloc pèse jusqu’à deux tonnes, ce qui montre le caractère monumental du site.

Ces vestiges viennent d’un Camarasaurus, cousin du Diplodocus, jusqu’ici inconnu en Europe occidentale. « C’est une découverte scientifique énorme », affirme Ronan Allain, directeur des fouilles et paléontologue au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Cette révélation pousse les chercheurs à repenser la cartographie des espèces et les routes de migration des dinosaures à cette époque reculée.

Un herbivore colossal resté inconnu jusqu’ici en Europe occidentale

Jusqu’à l’an dernier, ce sauropode n’était connu qu’en Amérique du Nord, à une période plus ancienne. Désormais, l’espèce européenne devient une réalité concrète. L’équipe de chercheurs, dirigée par Jean‑François Tournepiche et Ronan Allain, souligne qu’un tel herbivore ne s’était jamais vu dans cette région. Par conséquent, cela pousse à repenser les migrations de faune au Crétacé inférieur et à réévaluer les corridors terrestres entre continents.

À Angeac, les découvertes se succèdent. Deux fémurs supplémentaires ont émergé dès l’installation du campement, ce qui confirme l’ampleur du spécimen. Ce site n’en est pas à sa première surprise. En 2010, un fémur de 2,40 mètres d’un gigantesque turiasaure avait déjà attiré l’attention du monde entier. Depuis, ce joyau paléontologique livre ses secrets enfouis année après année.

Un chantier populaire où science et public se croisent

Ce gisement, considéré comme l’un des plus riches du monde, s’étend sur 1 000 m². Il a déjà livré plus de 10 000 pièces inventoriées, révélant un écosystème ancien avec 45 espèces de vertébrés, allant des crocodiles aux ornithomimosaures, sans oublier la flore tropicale. Chaque année, le chantier accueille des visiteurs lors de deux visites quotidiennes, toutes rapidement complètes. Pour Jean‑François Tournepiche, ces fouilles déclenchent un enthousiasme extraordinaire, notamment chez les enfants émerveillés par les os gigantesques.

Les fossiles retrouvés fascinent, mais ils demandent aussi un travail scientifique rigoureux. Leur préparation en laboratoire dure des mois, voire des années. Les spécialistes doivent nettoyer, consolider et analyser chaque fragment. Cette étape cruciale aide à comprendre les particularités morphologiques du dinosaure, sa croissance, son régime alimentaire, voire les causes de sa mort. Dominique Augier, préparateur de fossiles, souligne que ce travail « long et minutieux » passe souvent inaperçu, éclipsé par les images spectaculaires de Jurassic Park.

Un voyage jusque dans nos musées : de la fouille à l’exposition

Une fois extraits, les fragments passent plusieurs semaines en laboratoire pour être soigneusement préparés. Ce travail de fourmi, patient et rigoureux, contraste avec le grand spectacle du cinéma. Les fossiles intégreront les collections du musée d’Angoulême, avant d’être exposés lors d’une exposition nationale en 2026 au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Et comme le chantier recèle encore des surprises, plusieurs années de fouilles seront nécessaires pour en révéler tous les secrets.

D’ailleurs, à la fin de cette campagne estivale, les chercheurs ont repéré un nouvel ossement, probablement issu du même squelette. Faute de temps, ils l’ont recouvert de terre pour le préserver jusqu’à l’année prochaine. Une chose est sûre : le site d’Angeac continuera d’alimenter la science… et notre imagination.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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  • Bonjour
    Votre article sur la découverte de dinosaures en Charente est très bien. J’y ai trouvé une coquille. L’expression « faune végétale tropicale » ne veut rien dire – il faut écrire à la place « flore tropicale ».
    Cordialement,