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Ces crocodiles préhistoriques grimpaient aux arbres pour chasser comme des léopards

Oubliez le crocodile tapi dans la boue : certains de ses ancêtres vivaient perchés dans les arbres, comme des léopards. Une découverte étonnante faite en Australie révèle une capacité d’adaptation insoupçonnée chez ces reptiles anciens, remettant en question nos idées reçues sur leur évolution.

Crocodile préhistorique arboricole allongé sur une branche dans une forêt tropicale dense, prêt à chasser
Reconstitution d’un crocodile préhistorique arboricole, capable de grimper aux arbres pour surprendre ses proies dans les forêts anciennes – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Des crocodiles forestiers et grimpeurs : une adaptation radicale aux environnements tropicaux

Imaginez un crocodile. Massif, les pattes dans l’eau, embusqué sur une rive boueuse. Eh bien oubliez ça. Il y a plusieurs dizaines de millions d’années, certains crocodiles préhistoriques vivaient… dans les arbres ! C’est en Australie que des paléontologues ont exhumé des fossiles appartenant à des crocodiles du groupe Mekosuchinae. Ce sous-groupe aujourd’hui éteint était autrefois extrêmement diversifié.

Ces reptiles ne vivaient pas dans les marais comme leurs cousins modernes. En effet, ils évoluaient dans des forêts humides, perchés au-dessus du sol. Mais comment le sait-on ? Grâce à la morphologie de leurs os fossilisés, notamment les pattes postérieures et les articulations. Ces éléments laissent penser qu’ils étaient capables de grimper aux troncs.

Une telle adaptation suggère qu’ils occupaient une niche écologique bien distincte, loin des zones purement aquatiques. Par ailleurs, leurs habitats, riches en végétation et peuplés d’oiseaux et de petits mammifères, leur offraient un terrain de chasse inédit. Dans ce contexte, la hauteur devenait un véritable avantage stratégique.

Une technique de chasse inédite chez les reptiles : l’embuscade aérienne façon félin

Ce qui est fascinant, c’est que ces crocodiles ne se contentaient pas de grimper. En plus de cela, ils utilisaient les hauteurs pour tendre des embuscades, un peu comme les léopards d’aujourd’hui. Installés sur les branches, ils attendaient qu’une proie passe dessous pour se jeter sur elle.

Ce comportement, très inhabituel pour des crocodiliens, montre à quel point la nature peut expérimenter des stratégies évolutives improbables. Ainsi, cette capacité d’innovation a parfois permis à certaines espèces de prospérer, malgré les contraintes de leur morphologie.

Michael Archer, professeur à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, l’explique sans détour : “Certains de ces animaux étaient semi-arboricoles. Ils ne vivaient pas dans l’eau, mais dans les arbres, et attaquaient depuis les hauteurs”. Un mode de vie rare chez les reptiles, qui demande une agilité et une coordination musculaire étonnantes pour un animal de cette taille.

Les preuves fossiles confirment un mode de vie arboricole dès 55 millions d’années

Des fouilles menées dans le nord-est et le sud-est du Queensland ont permis ces découvertes majeures. À Riversleigh, des os fossilisés vieux de 25 millions d’années ont permis d’identifier cette espèce unique. Plus récemment, dans une carrière d’argile, des coquilles d’œufs fossilisées ont été retrouvées. Elles dateraient de 55 millions d’années.

Ce sont les plus anciens œufs de crocodiles jamais découverts en Australie. Par conséquent, ils confirment que ces reptiles vivaient à proximité des zones humides et des rivières. Toutefois, ils avaient aussi conquis le domaine arboricole, ce qui révèle une incroyable flexibilité écologique. C’est un peu comme si aujourd’hui, on découvrait que des alligators pouvaient vivre dans les arbres d’Amazonie.

Une famille de reptiles bien plus inventive qu’on ne l’imagine, entre bipédie et vie marine

Le groupe des Mekosuchinae n’était pas seulement audacieux. En réalité, il était aussi extrêmement varié. Certains de ces crocodiles préhistoriques auraient même été capables de marcher sur leurs deux pattes arrière, à la manière des dinosaures carnivores.

D’autres, à l’inverse, avaient adopté un mode de vie marin, avec un corps profilé comme celui des dauphins. Ainsi, cette diversité de formes et de comportements témoigne d’une grande plasticité évolutive, souvent sous-estimée chez les crocodiliens.

Ce foisonnement illustre à quel point la famille des crocodiles est ancienne, souple, et surtout étonnamment évolutive. Il y a 230 millions d’années, leurs ancêtres dominaient déjà les écosystèmes. Et pourtant, ils n’ont cessé de se réinventer pour survivre, jusqu’à devenir les survivants rusés que l’on connaît aujourd’hui.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

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