Plus Internet évolue à travers le temps, plus la liberté d’expression semble décliner. D’après un rapport effectué par Freedom House, la censure d’Etat ne cesse d’augmenter à l’échelle mondiale. Explications.
La censure d’Etat, ce n’est pas nouveau. L’accessibilité à Internet un peu partout dans le monde a renforcé cette pratique au fil du temps, au point que dans le monde en 2016, deux tiers des internautes sont partiellement censurés par leur gouvernement. Sont pris pour cibles principales les réseaux sociaux et les applications de messagerie.
En basant son étude sur 65 pays couvrant 88 % du trafic Internet, Freedom House divise la carte du monde en trois catégories de pays. En vert, les pays considérés comme « libres » comprenant 27 % des internautes (dans laquelle figure la France en 9e place des pays étudiés). En jaune, les pays partiellement censurés représentant 29 % des utilisateurs et en violet, les pays sous contrôle d’Etat, qui représentent la plus grande part avec 35 %.
Evidemment, un immense fossé sépare les pays dits « libres » et les pays sous contrôle de l’Etat. D’un côté, la république d’Estonie, pionnière dans l’e-résidence , une identité numérique transnationale accessible à quiconque voudrait administrer une entreprise en ligne indépendante de la localisation, dont la crédibilité et la confiance sont renforcées par un service numérique sécurisé pointu. De l’autre, la Chine, où le fait de diffuser des rumeurs sur les réseaux sociaux est passible de sept ans de prison. De fil en aiguille, le fossé ne cesse de s’élargir puisque depuis 2015, 34 pays sur 65 sont sur une mauvaise pente d’après Freedom House. D’ailleurs, le Brésil et la Turquie semblent être passés du côté obscur, ayant perdu leur statut de pays « libre ».
Même si le constat de la censure mondiale sur Internet est quelque peu alarmant, il n’en est pas moins scandaleux que les motifs de pénalisation et les sanctions qui s’en suivent dans certains pays. D’après le rapport de Freedom House, 38 pays ont arrêté des internautes pour des posts publiés sur les réseaux sociaux. Pire encore, un internaute sur quatre vit dans un pays où l’on peut se faire arrêter pour avoir publié, partagé et même « liké » une publication. Parmi les exemples les plus choquants, on peut évoquer, entre autres, les internautes ayant été arrêtés pour s’être moqués du chien du roi en Thaïlande ou encore ceux ayant illustré puis diffusé une comparaison du président turc à Gollum.
Cette étude montre bien que plus une application se veut protectrice des données de communication de ses utilisateurs, plus son utilisation sera compromise par les gouvernements les plus restrictifs. A l’image de l’application de messagerie WhatsApp, désormais bloquée dans 12 des 65 pays étudiés, qui avait fait de sa solution de sécurité en « end to end » son argument de vente principal. La menace terroriste étant constante, il est légitime de s’attaquer au chiffrement des données. C’est le cas de la France, dont le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve se veut de forcer les applications à divulguer ces données, dans le cadre d’enquêtes antiterroristes. Certes la sécurité est primordiale. Mais la liberté ne l’est-elle pas tout autant ? A méditer.
Par Tom Savigny, le
Source: konbini
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