L’implantation de cellules cérébrales de rat dans le cerveau de souris privées d’odorat a permis à ces dernières d’acquérir ce sens. Selon les chercheurs, il s’agit du premier exemple de perception au travers des neurones sensoriels d’une autre espèce.
Chimères interspécifiques
Lorsque les cellules d’un animal sont implantées chez une autre espèce, on parle de chimère interspécifique. Si des chercheurs s’étaient précédemment illustrés en créant des souris dont l’organisme intégrait des cellules du système immunitaire humain, une importante étape a été franchie il y a quelques mois, avec des rongeurs dont le cerveau était partiellement constitué de cellules de rat.
Récemment, Kristin Baldwin, de l’université Columbia, et ses collègues ont montré qu’une telle approche pouvait être utilisée pour donner à des souris dépourvues des neurones nécessaires à la perception des odeurs la capacité de sentir.
Son équipe a injecté des cellules souches de rat dans des embryons de souris qui avaient été génétiquement modifiés pour être privées de ce sens. Une fois ces dernières devenues adultes, leur activité neuronale a été analysée, révélant le développement de voies propres à l’odorat, constituées de neurones des deux espèces.
Lors d’expériences visant à explorer leur potentiel, les chercheurs ont constaté que les souris ayant reçu des cellules souches de rat trouvaient rapidement les biscuits qu’ils avaient dissimulés, contrairement aux spécimens non traités.
Des implications pour la santé humaine
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Cell, ces travaux ont d’importantes implications pour la santé humaine.
« De telles découvertes vont contribuer au développement de meilleures thérapies de remplacement cellulaire pour les humains », estime Baldwin. « Nous pourrons également créer des modèles de souris ou de rats pour les maladies qui affectent les organismes à plus longue durée de vie. »
« Le fait que des cellules de rat aient pu améliorer la recherche de nourriture chez des animaux qui auraient, autrement, été privés d’odorat est vraiment impressionnant », commente Walter Low, de l’université du Minnesota. « La prochaine étape consistera à déterminer si un tel phénomène se produit également chez des espèces plus éloignées, du point de vue de l’évolution. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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