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Ce sous-marin sans pilote va descendre à 3 500 m pour traquer les secrets climatiques les mieux enfouis des océans

Un nouveau planeur sous-marin français, conçu par Alseamar pour l’Ifremer et le CNRS, s’apprête à plonger jusqu’à 3 500 mètres de profondeur. Son objectif ? Récolter des données inédites sur les grands fonds marins afin de mieux comprendre leur rôle méconnu mais crucial dans la régulation du climat.

Planeur sous-marin autonome évoluant en profondeur dans l’océan pour la collecte de données scientifiques
Un planeur sous-marin autonome descend dans les grands fonds pour mesurer des paramètres climatiques clés et améliorer la compréhension des écosystèmes océaniques – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Un exploit d’ingénierie pour créer un planeur sous-marin autonome, léger et résistant à plus de 350 bars de pression

Quand on parle d’exploration sous-marine, on imagine souvent des robots massifs ou des submersibles pilotés. Pourtant, ici, il s’agit d’un planeur autonome, sans hélice ni propulseur. Il va plonger à des profondeurs encore inexplorées pour ce type d’engin : jusqu’à 3 500 mètres, là où la pression dépasse 350 bars. Le projet, financé par France 2030, est porté par l’Ifremer, le CNRS et l’entreprise Alseamar, spécialiste des systèmes sous-marins.

Dès le départ, le véritable tour de force consiste à allier légèreté, robustesse et autonomie énergétique. Ainsi, la coque du planeur, probablement en fibre de carbone, devra résister à une pression écrasante tout en restant légère. De plus, le système repose sur un ballast à huile. En modifiant son volume, le planeur change de flottabilité et glisse entre les couches d’eau. Cette méthode, économe en énergie, lui permettra d’opérer pendant un mois sans interruption.

Collecter des données essentielles sur la température, l’oxygène ou le méthane pour mieux comprendre l’impact du climat sur les grands fonds

Si les océans régulent notre climat, c’est en grande partie grâce à ce qui se passe loin sous la surface. C’est pourquoi le nouveau planeur va descendre dans la zone bathypélagique, au-delà de 1 000 mètres. Il s’agit d’une région difficilement accessible pour les capteurs classiques. Pourtant, elle recèle des informations cruciales.

Par conséquent, les variables enregistrées sont nombreuses : température, salinité, taux d’oxygène dissous, mais aussi pH, méthane, dioxyde de carbone inorganique, turbidité. À cela s’ajoutent des indices de biodiversité comme la fluorescence ou la présence de zooplancton. Autant d’éléments nécessaires pour suivre les effets du changement climatique sur les grands équilibres marins.

En parallèle, les chercheurs veulent décrypter la dynamique des masses d’eau, les mouvements de particules organiques ou encore l’expansion des zones pauvres en oxygène. Ces profondeurs recèlent des processus complexes. De plus, une biodiversité largement inexplorée pourrait bien détenir des réponses inédites.

D’abord testé en Méditerranée, le planeur partira ensuite à Mayotte pour observer un volcan sous-marin actif

Le premier terrain de jeu du planeur sera le bassin nord-ouest de la Méditerranée, dans le cadre du programme national MOOSE. Cette région est déjà bien suivie par des flotteurs profileurs, des filets biologiques et des mouillages fixes. Ainsi, l’idée est de croiser les données du planeur avec celles de ces dispositifs pour valider sa précision et sa fiabilité.

Ensuite, cap sur Mayotte. Depuis la découverte du volcan sous-marin Fani Maoré, cette zone est sous haute surveillance. L’objectif : tester le planeur à sa profondeur maximale tout en observant les émissions de fluides et l’activité volcanique. C’est aussi un site idéal pour détecter le méthane ou le CO₂ d’origine géologique. Grâce à une observation plus fine et étendue, les scientifiques espèrent enrichir les données existantes.

Un levier stratégique pour renforcer l’autonomie scientifique de la France et stimuler la filière industrielle des grands fonds

Ce projet ne se limite pas à la science. En effet, il s’inscrit dans une vision plus large : renforcer la filière industrielle française des technologies sous-marines. Le planeur profond va mobiliser des capteurs, batteries, matériaux et logiciels spécifiques, produits localement. L’idée est donc de développer des solutions de surveillance légères, autonomes et à faible empreinte carbone. Par ailleurs, ces outils pourront fonctionner en réseau avec d’autres engins, navires et satellites.

Observer les grands fonds, c’est aussi mieux gérer les ressources maritimes, anticiper les risques géologiques et comprendre les impacts profonds du changement climatique. Ce planeur ne remplacera pas les navires océanographiques. En revanche, il ouvrira l’accès à des zones jusqu’ici inaccessibles, de manière plus souple, durable et régulière.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

Source: Futura

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