Une étude de l’Université de Genève révèle que certaines vocalisations de chimpanzés activent des zones spécifiques du cerveau humain. Ces zones traitent habituellement la voix humaine. La réponse neuronale observée serait donc proche de celle suscitée par des sons humains.

Le cerveau humain réagit spécifiquement aux vocalisations de chimpanzés, mais pas à celles d’autres primates
Des chercheurs ont constaté que les cris de chimpanzés déclenchent une activité ciblée dans le gyrus temporal supérieur humain. Cette zone est connue pour traiter les sons vocaux. L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) a permis d’identifier précisément cette activation.
L’étude a exposé des volontaires à des sons produits par quatre espèces : humains, chimpanzés, bonobos et macaques. Seuls les cris de chimpanzés ont activé le cortex auditif dans les régions liées à la voix. Cette spécificité exclut une réaction générale à tous les sons de primates.
Les chercheurs ont écarté les biais liés à l’intensité sonore ou à la charge émotionnelle. Ils ont donc isolé les éléments acoustiques des vocalisations pour évaluer uniquement le traitement cortical.
Une signature sonore proche de la voix humaine identifiée dans les cris de chimpanzés

Les vocalisations de chimpanzés présentent une structure spectrale proche de l’humain. Cette proximité acoustique pourrait expliquer la réponse observée dans le cerveau humain. En effet, notre système auditif semble particulièrement sensible à ce type de fréquence.
Les bonobos, pourtant proches sur le plan génétique, n’ont pas suscité cette réaction. Leurs vocalisations n’ont pas la configuration sonore cérébralement activante propre aux chimpanzés. Cela montre que la réaction n’est pas uniquement liée à la proximité évolutive.
En revanche, elle semble liée aux caractéristiques physiques des sons. Cette distinction permet de mieux comprendre les critères auditifs de reconnaissance vocale.
Une trace potentielle d’un héritage évolutif dans notre perception des sons
Les scientifiques envisagent que cette sensibilité résulte d’une mémoire biologique évolutive ancienne. Cette mémoire aurait été transmise par un ancêtre commun aux humains et aux chimpanzés. Elle pourrait favoriser la reconnaissance de signaux vocaux spécifiques.
Cette idée s’inscrit dans une continuité des fonctions auditives au fil de l’évolution. La capacité à identifier des sons porteurs d’intention ne serait donc pas nouvelle, mais issue de mécanismes cognitifs auditifs préexistants.
Les chercheurs précisent que cette réaction ne dépend pas d’une exposition préalable aux cris de chimpanzés. Elle ne résulte ni de l’apprentissage ni de la familiarité. Elle s’expliquerait par le fonctionnement automatique du système auditif.
Vers une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux à l’origine du langage humain
Les zones cérébrales activées par ces cris sont aussi impliquées dans la compréhension du langage articulé humain. Ce chevauchement fonctionnel pourrait aider à retracer les étapes de l’émergence du langage.
En effet, la capacité à interpréter des intentions vocales primitives précéderait peut-être le langage lui-même. Il s’agirait d’une base cognitive ayant permis l’apparition d’une communication structurée évolutive.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: science-et-vie.com
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