Aller au contenu principal

Ce microbe marin minuscule est vital à la vie sur Terre : sa survie est compromise dès que l’eau dépasse 28 °C

Invisible mais vital, Prochlorococcus règne sur nos océans. Ce microbe minuscule produit à lui seul un tiers de l’oxygène que nous respirons. Pourtant, il vacille face au réchauffement climatique. Une nouvelle étude révèle un talon d’Achille aussi inquiétant qu’inattendu.

Image microscopique de Prochlorococcus, minuscules micro-organismes marins responsables d’une grande partie de la production d’oxygène sur Terre.
Les Prochlorococcus, micro-organismes marins essentiels à la production d’oxygène sur Terre, montrent des signes inquiétants de déclin. (Crédits : Wikipedia)

Prochlorococcus : un microbe minuscule qui nous fait respirer

On dirait de la science-fiction : plus petit qu’un virus, sans organes, mais capable de produire autant d’oxygène que toutes les forêts tropicales réunies. Prochlorococcus vit dans les eaux chaudes et claires des océans tropicaux. Là où l’on ne voit qu’un bleu intense, lui transforme la lumière en énergie.

Son secret ? Une stratégie de miniaturisation extrême. En réduisant son génome à l’essentiel, cette cyanobactérie devient ultra-efficace. Ainsi, elle couvre les trois quarts des eaux de surface éclairées.

Chaque jour, des milliards de milliards de ces cellules font de la photosynthèse. Par conséquent, elles nourrissent la vie marine et stabilisent l’atmosphère. Sans elles, notre oxygène s’effondrerait.

Réchauffement : quand la chaleur dépasse les limites du vivant

Pendant 13 ans, une équipe de chercheurs menée par François Ribalet a sillonné les océans. Ils ont analysé 800 milliards de cellules de Prochlorococcus pour voir comment elles réagissent à la montée des températures. Et la réponse est claire : elles n’aiment pas ça.

En effet, au-delà de 30 °C, leur division cellulaire s’effondre, réduite des deux tiers. Pourtant, on croyait qu’elles toléraient bien la chaleur. Erreur ! Leur adaptation passée, en supprimant certains gènes, les a rendues vulnérables au stress thermique.

Autrement dit, c’est le paradoxe de l’évolution : ce qui les a rendues fortes en eaux pauvres les rend désormais fragiles face au climat qui change.

Moins de Prochlorococcus, moins d’oxygène et plus de déséquilibres

D’ici 75 ans, les océans tropicaux dépasseront souvent les 28 °C, seuil à partir duquel Prochlorococcus commence à décliner. Ainsi, les scientifiques prévoient une chute de productivité de 17 à 51 % dans ces régions. À l’échelle globale, cela pourrait aller jusqu’à 37 %.

Et ce n’est pas juste une question d’oxygène. Toute la chaîne alimentaire marine repose sur ces micro-organismes. Moins de Prochlorococcus, c’est moins de plancton, moins de poissons, et donc des écosystèmes entiers en déséquilibre.

Une autre bactérie peut-elle prendre le relais ? Oui, mais…

Un autre acteur pourrait entrer en scène : Synechococcus. Elle supporte mieux la chaleur. Toutefois, elle a un défaut : elle a besoin de plus de nutriments.

Elle pourrait donc occuper les zones abandonnées par Prochlorococcus, mais ne remplacera pas parfaitement les rôles écologiques tissés depuis des millions d’années.

Face à cette menace invisible, la solution reste claire : réduire nos émissions, surveiller les océans et surtout ne pas oublier que parfois, le plus petit est le plus essentiel.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *