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Comment Benjamin Franklin a cartographié le Gulf Stream

Un courant océanique crucial

Benjamin Franklin
— Roganin / Shutterstock.com

Au début du service postal transatlantique, les navires britanniques mettaient un temps anormalement long pour atteindre la côte est nord-américaine. Il revint à Benjamin Franklin de résoudre le problème en cartographiant le Gulf Stream.

Un temps d’acheminement anormalement long

S’écoulant vers l’est, le Gulf Stream avait été évoqué pour la première fois au début du XVIe siècle par le conquistador espagnol Juan Ponce de Leon. Alors qu’il naviguait vers les Caraïbes, son navire semblait, en dépit de conditions de vent très favorables, faire du surplace.

Jusqu’à la seconde moitié du XVIIIe siècle, ce courant atlantique chaud, dont les capitaines de navires britanniques n’avaient vraisemblablement pas connaissance, ne figurait toujours pas sur les cartes nautiques. Tout commença à changer en 1769, suite à la réception par Benjamin Franklin, alors à la tête du service postal de l’Amérique britannique, d’une plainte des douanes de Boston, évoquant des colis expédiés depuis l’Angleterre mettant jusqu’à deux semaines supplémentaires pour traverser l’Atlantique.

En discutant avec son cousin Timothy Folger, capitaine d’un navire marchand, Franklin apprit rapidement que si les marins américains connaissent bien le Gulf Stream, ce n’était pas le cas de leurs homologues britanniques. Selon Folger, les navires postaux anglais s’obstinaient à le remonter, quand bien même les baleiniers américains leur expliquaient qu’ils iraient beaucoup plus vite en s’en écartant.

Représentation du Gulf Stream — © NASA / Goddard Space Flight Center Scientific Visualization Studio

S’appuyant sur les croquis fournis par Folger, Franklin fit imprimer la toute première carte du Gulf Stream, largement distribuée aux marins britanniques, mais ignorée par la grande majorité d’entre eux.

Des déductions éclairées

Quelques années plus tard, Franklin, devenu ministre plénipotentiaire des États-Unis d’Amérique, eut l’occasion d’observer lui-même le Gulf Stream et de mesurer sa température lors de ses traversées de l’Atlantique. Sur la base de ces observations, il déduisit que ce courant de surface plus chaud pourrait également conduire à la formation de « tornades et de trombes », pointant ainsi l’influence de la dynamique océanique sur les conditions météorologiques.

Dans une lettre adressée au scientifique français Alphonse le Roy, le polymathe américain concluait qu’un bateau naviguant de l’Europe à l’Amérique du Nord pourrait raccourcir significativement son temps de traversée en évitant soigneusement ce courant, et un navire effectuant le trajet inverse gagner un temps précieux en s’y maintenant.

De façon assez insolite, cette correspondance évoquait également l’importance pour les marins de toujours voyager avec des réserves supplémentaires de vin, de cidre, de rhum et de chocolat, mais de ne pas s’embarrasser de volailles.

Par Yann Contegat, le

Source: IFL Science

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