En Arctique russe, le réchauffement climatique et les activités ont pris une telle ampleur que les animaux sont contraints de modifier leurs comportements. En effet, faute de nourriture, les ours polaires sont en train de faire preuve de cannibalisme entre eux.
Devenir cannibales pour survivre
Au coeur des régions de l’extrême nord de la Russie, les ours polaires deviennent cannibales pour survivre. Ce phénomène inquiétant est en train de se multiplier dans ces régions. En cause : un manque de nourriture et l’ampleur des activités humaines.
“Des cas de cannibalisme parmi les ours blancs sont avérés depuis longtemps. Mais alors qu’ils étaient auparavant rarement constatés, ils le sont maintenant assez souvent, ce qui nous inquiète”, a expliqué Ilia Mordvintsev, chercheur à l’Institut de l’écologie et de l’évolution Severtsov de Moscou. Ce dernier s’inquiète également du fait que les mâles risquent de manger les oursons si la nourriture continue de manquer, comme l’a rapporté Interfax, une agence de presse russe. Les comportements cannibales des ours polaires ont surtout été remarqués dans la péninsule de Yamal et dans le golfe de l’Ob, des régions russes situées dans le nord du pays, comme l’a rapporté le chercheur à The Moscow Times.
Des ours chassés de leur habitat à cause du pétrole
Si les ours polaires deviennent cannibales, c’est notamment à cause des activités humaines qui se développent de plus en plus dans ces régions. Ces activités, mais également le réchauffement climatique, menacent considérablement leur habitat et leurs zones de chasse. Les activités humaines sont d’ailleurs devenues une véritable priorité économique et militaire stratégique pour la Russie.
Ilia Mordvintsev a également expliqué que les extractions de gaz réalisées dans la péninsule de Yamal, qui font l’objet d’un projet international ayant engendré plusieurs milliards d’euros de bénéfices, ont également un impact important sur les changements de comportement des ours polaires. “Nous avons maintenant des signalements non seulement de chercheurs, mais aussi du nombre croissant d’employés d’entreprises gazières et pétrolières et du ministère de la Défense.”
De plus, le trafic maritime entre la mer de Barents et le golfe du fleuve Ob, en lien avec ce projet, a provoqué la réduction du lieu de chasse de ces mammifères. “Maintenant, la glace dans le golfe de l’Ob, qui avait toujours été une terre de chasse pour les ours blancs, est brisée toute l’année”, a ajouté Ilia Mordvintsev.
De plus en plus d’ours polaires dans les villes à la recherche de nourriture
Vladimir Sokolov, expert russe, explique également que la taille des glaces en Arctique a diminué de 40 % lors des 25 dernières années. Il s’inquiète également du fait que, faute de lieu de chasse et donc de nourriture, les ours polaires risquent de se rendre davantage sur les côtes et dans les villes et villages. De plus en plus de ces mammifères viennent aux abords des villes russes en quête de nourriture.
Un ours polaire avait d’ailleurs été repéré au mois de juin 2019 près d’une ville russe, à plus de 800 kilomètres de son habitat naturel. L’animal avait ensuite été capturé et pris en charge par des vétérinaires. Au mois de février 2019, les autorités avaient également déclaré l’état d’urgence en Nouvelle-Zemble, les ours polaires devenant de plus en plus agressifs par manque de nourriture.
Par Cécile Breton, le
Source: Courrier International
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