Le calmar est un animal fascinant. En plus de sa capacité à se fondre parfaitement dans son environnement, ou encore de son intelligence exceptionnelle, un autre super-pouvoir s’ajoute à sa panoplie. Les scientifiques viennent en effet de découvrir que les calmars sont capables de modifier leur code génétique.

Une capacité unique à une seule espèce de calmar

Un nouveau document de recherche publié dans la revue Nucleic Acids Research a présenté des preuves qui indiquent qu’une espèce de calmar côtier à nageoires longues – le Doryteuthis pealeii – est capable de modifier son code génétique d’une manière très spéciale. Ce petit animal marin couramment utilisé comme poisson-appât est le premier animal connu pour modifier l’ARN messager en dehors du noyau cellulaire. Il faut savoir que la plupart des créatures de cette planète modifient leur ADN à partir du noyau cellulaire en utilisant l’ARN messager, mais cette petite créature océanique astucieuse utilise un raccourci inédit.

À titre de comparaison, les gènes chez les êtres humains restent inchangés jusqu’à ce qu’ils soient recombinés et transmis à la génération suivante. Il en va de même pour notre ARN messager. Plus précisément, des molécules lisent notre ADN, créent de petits ARN messagers et les envoient à l’extérieur du noyau pour dire au reste de la cellule quelles protéines doivent être construites. Cela signifie que chez les humains, les informations contenues dans les ARN messagers ne peuvent pas être modifiées une fois qu’ils sont sortis du noyau. Chez le calmar, les informations génétiques peuvent être modifiées en dehors du noyau.

— Gerald Robert Fischer / Shutterstock.com

Une découverte importante pour les recherches liées aux troubles neurologiques chez l’être humain

Selon les scientifiques du Marine Biological Laboratory et leurs collègues, cette capacité extraordinaire du calmar leur est utile pour produire les protéines adaptées aux besoins spécifiques de chaque cellule et pour affiner les processus cellulaires cruciaux. D’après les recherches effectuées sur le sujet, les ARN messagers sont modifiés au niveau de l’axone du calmar. L’axone est la région à la périphérie de la cellule cérébrale qui transmet les signaux électriques aux neurones voisins. Pour l’instant, les chercheurs ignorent l’origine de cette capacité des calmars, mais ils pensent que c’est probablement lié à leur environnement.

« Nous pensions que toutes les modifications de l’ARN se produisaient dans le noyau avant que les ARN messagers modifiés soient exportés vers la cellule », a expliqué Joshua Rosenthal, auteur principal de l’étude, dans un communiqué. « Maintenant, il a été démontré que ce calmar peut modifier les ARN à la périphérie de la cellule. Cela signifie, théoriquement, qu’ils peuvent modifier la fonction des protéines pour répondre aux demandes localisées de la cellule. Cela leur donne beaucoup de latitude pour adapter les informations génétiques au besoin. »

Cette découverte est très importante dans la mesure où elle pourrait aider à comprendre des phénomènes similaires chez l’être humain. Il est à savoir que la modification d’ARN messagers en dehors du noyau cellulaire est un dysfonctionnement chez l’humain, et est à l’origine de nombreux troubles neurologiques. Une meilleure compréhension du phénomène pourrait donc permettre de trouver des médicaments et des thérapies liés à l’édition génétique, notamment au système CRISPR. Il est à rappeler que ce système est étroitement lié à l’immunité, donc la recherche ne concerne pas uniquement les troubles neurologiques, mais le bien-être humain en général.  

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