L’histoire de la mesure du temps est jalonnée de réformes et d’innovations. L’une des propositions les plus fascinantes et controversées fut celle d’un calendrier de 13 mois. Née au 19e siècle et ayant frôlé l’adoption au début du 20e, cette idée a soulevé à la fois de l’enthousiasme et des critiques, reflétant les défis inhérents à toute tentative de changement d’un système aussi ancré que le calendrier.
L’évolution des calendriers à travers l’histoire
La modification des calendriers n’est pas un phénomène récent. Des penseurs et institutions ont, à travers l’histoire, tenté d’innover nos structures annuelles. Jules César, en 45 avant notre ère, introduit le calendrier julien, un système révolutionnaire pour son époque, basé sur des calculs astrologiques. Il inclut les années bissextiles pour pallier les imprécisions du calendrier romain, qui reposait sur les phases lunaires. Cette innovation majeure a marqué un tournant dans la conception des calendriers.
Environ 1 500 ans plus tard, un changement majeur survient avec l’introduction du calendrier grégorien par le pape Grégoire XIII. Ce nouveau système visait à corriger les dérives accumulées du calendrier julien. Adopté progressivement à travers le monde, le calendrier grégorien est devenu la norme internationale, utilisée dans la plupart des pays aujourd’hui. Cependant, d’autres concepts ont continué d’émerger.
L’épopée du calendrier de 13 mois
Auguste Comte, philosophe et mathématicien français, a proposé en 1849 un calendrier de 13 mois, inspiré des travaux antérieurs. Chaque mois aurait 28 jours, répartis en quatre semaines précises, avec un total de 354 jours par an et deux jours « blancs ». Bien que ce « calendrier positiviste » n’ait pas gagné en popularité, principalement à cause de ses noms de jours peu attrayants, l’intérêt pour le concept a persisté.
Cette idée fut reprise et simplifiée par l’Anglais Moses B. Cotsworth au début du XXe siècle. Il élimina les noms complexes du calendrier de Comte et introduisit un treizième mois nommé « Sol ». Aux États-Unis, ce calendrier fut promu sous le nom de plan Eastman. En 1923, ce nouveau système attira l’intérêt de la Société des Nations, qui a été créée après la Première Guerre mondiale.
Le Comité était à la recherche d’une méthode uniforme et la netteté du calendrier de 13 mois a retenu son attention. Le « calendrier fixe international » (CFI) est le nom du projet. Selon ce plan, chaque mois aurait commencé un dimanche et se serait terminé un samedi. Le fait de savoir quel jour correspondait à une date donnée aurait facilité les choses.
Les obstacles à l’adoption du nouveau calendrier
Malgré son ingéniosité, le calendrier de 13 mois rencontra de nombreux obstacles. Bien qu’il ait séduit des hommes d’affaires comme George Eastman de Kodak, le calendrier a suscité de vives critiques. D’une part, la communauté juive internationale exprimait des préoccupations quant à l’impact des jours « blancs » sur le sabbat. Aux États-Unis, le remplacement du mois de juillet par « Sol » posait problème pour les festivités du 4 juillet.
De plus, l’adaptation pratique de ce calendrier nécessitait la renégociation de nombreux contrats et tarifs basés sur le calendrier grégorien. Enfin, la division inégale du nombre 13 posait des défis supplémentaires en matière de planification et de comptabilité. Le projet du calendrier de 13 mois, malgré son potentiel de simplification et de régularisation du temps, s’essouffla dans les années 1930. Les résistances culturelles, pratiques et logistiques furent trop fortes pour permettre son adoption.
Par ailleurs, saviez-vous qu’en 1582, dix jours ont disparu du calendrier ?