
Ce qui devait être une simple fouille de routine a révélé bien plus qu’un chantier archéologique ordinaire. Sous les champs paisibles du Finistère, les archéologues ont mis au jour une histoire humaine ininterrompue, vieille de plusieurs millénaires. Explications.
Des sépultures, des maisons et des routes : la Bretagne des origines
Les premières fouilles, menées à l’été 2024 par l’Inrap sous la supervision de la DRAC Bretagne, ont révélé une chronologie impressionnante. Les traces les plus anciennes remontent au Néolithique final, avec les vestiges d’une grande maison préhistorique.
Puis, à l’âge du bronze, les archéologues ont découvert une vaste nécropole : une trentaine de tombes étalées sur 200 mètres, parfois surmontées de tumulus. Ces sépultures, réparties en petits groupes, témoignent d’une organisation sociale déjà complexe et de rites funéraires élaborés.
Au printemps 2025, la seconde phase des fouilles a confirmé l’ampleur du site. Un nouveau groupe de tombes a porté le total à une quarantaine de sépultures, certaines avec des traces de cercueils en bois ou en pierre. À proximité, des foyers de pierres chauffées semblent liés à des cérémonies collectives, peut-être des festins rituels.
Les archéologues ont également dégagé les vestiges d’un habitat de l’âge du bronze : une dizaine de maisons, dont certaines de près de 20 mètres, abritant des jarres, meules, outils en pierre et même des indices d’activité métallurgique. Une découverte rare, qui suggère une forme de spécialisation artisanale.
À la fin de cette période, le site est de nouveau occupé. Des maisons rondes typiques apparaissent, semblables à celles d’autres villages bretons comme Lenn Sec’h (Morbihan) ou Penn an Alé (Côtes-d’Armor).
6,000 Years of Human History Unearthed in Brittany: From Stone Age Villages to Roman Farmshttps://t.co/l8x9hE8nP2 pic.twitter.com/eey4X80lW6
— Arkeonews (@ArkeoNews) October 25, 2025
Du monde celte à Rome : une Bretagne en mouvement
Les fouilles ont aussi révélé un autre visage du site : celui de la Gaule romaine. Une voie antique parfaitement conservée et les restes d’un vaste domaine agricole témoignent d’une intense activité économique.
Granges, séchoirs à grains, moulins et ateliers laissent penser que ce domaine jouait un rôle clé dans l’approvisionnement de Vorgium, l’actuelle Carhaix-Plouguer, capitale de la tribu gauloise des Osismes.
Pour les chercheurs, ce site exceptionnel retrace plus de 6 000 ans d’évolution humaine, depuis les premiers agriculteurs du Néolithique jusqu’aux fermiers gallo-romains. Les analyses en laboratoire (datations au carbone 14, études bioarchéologiques, analyses de matériaux) permettront bientôt d’en affiner la chronologie.
Une exposition et un rapport scientifique suivront, mais une chose est sûre : sous les champs tranquilles de Carhaix-Plouguer sommeille une histoire ininterrompue, reliant les bâtisseurs de l’âge de pierre aux citoyens de Rome, et redéfinissant peu à peu la mémoire ancienne de la Bretagne.
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Par Cécile Breton, le
Source: Arkeonews
Étiquettes: bretagne, néolithique
Catégories: Actualités, Histoire