L’homophobie n’est pas traitée de la même manière dans le monde. Certains pays ont une législation qui condamne l’homosexualité, tandis que d’autres adoptent une position plus tolérante, notamment en légalisant le mariage entre personnes du même sexe. Le Brésil tente d’adopter cette deuxième optique en commençant par criminaliser l’homophobie.
Ce jeudi 13 juin, la Cour suprême du Brésil a décidé de criminaliser l’homophobie. La décision, prise à 8 voix contre 3, permettra de faire un premier pas dans la lutte contre les agressions homophobes, alors qu’il n’existe pas encore de loi à ce sujet. Cette mesure est particulièrement importante pour avancer dans cette lutte, puisque le Brésil fait souvent la une de l’actualité en raison des violences et assassinats commis envers les personnes LGBT+. Selon l’ONG Grupo Gay da Bahia, en 2017, 387 meurtres et 58 suicides sont dus à l’homophobie et à la transphobie. Des chiffres inquiétants qui ont poussé la Cour suprême à agir.
Le Tribunal fédéral suprême brésilien juge désormais que l’homophobie est un délit, au même titre que le racisme. La juge Carmen Luzia explique son vote : « Tout préjugé est une violence, dit-elle. Certains préjugés causent plus de souffrances que d’autres, parce que ce sont des blessures qui frappent la personne dans son foyer, qui séparent les parents des enfants, [qui séparent] les frères, les amis, pour le simple fait de tenter de vivre quelque chose qui se présente comme naturel. »
L’objectif est de pousser le Congrès à adopter une législation en ce sens, afin de mieux protéger les personnes victimes d’homophobie et de transphobie. Toutefois, ce n’est pas une mince affaire : le Congrès brésilien compte parmi ses représentants des conservateurs qui n’approuvent pas la décision de la Cour suprême. Certains partis, comme les Eglises pentecôtistes, n’adhèrent pas forcément à l’idée de criminaliser l’homophobie. Cela signifie que la construction d’une loi en ce sens sera longue, et au centre de nombreux débats au sein du Congrès…