L’homme augmenté, un futur plus proche que jamais ? C’est en tout cas ce que laisse à penser l’invention de ces deux ingénieurs japonais qui ont mis au point le premier bras robotique à être uniquement contrôlé par l’activité cérébrale. Un immense progrès pour la science et qui ouvre un nouveau champ de connaissances à explorer.
Les conditions expérimentales de l’invention
Christian I. Penaloza et Shuichi Nishio, deux ingénieurs de l’Institut de recherche sur les télécommunications de Kyoto, ont publié dans la revue Science Robotics les résultats de leur invention spectaculaire : un bras robotique contrôlable par la pensée, ou plus exactement, par les signaux cérébraux. Ce « troisième bras », relié à un casque d’électrodes placé sur le crâne du sujet, est calibré selon l’activité cérébrale du cobaye concerné.
Comme l’explique la vidéo de présentation ci-dessous, les sujets doivent tenir un plateau sur lequel se trouve une balle. Ils doivent alors faire rouler la balle sur des marques de couleurs et de formes différentes, ce qui implique une certaine concentration de l’activité cérébrale. Or, simultanément, les sujets doivent s’imaginer tenir et relâcher une bouteille tendue comme s’ils possédaient un « troisième bras », qui s’avère être le bras robotique relié directement à leur cerveau.
Les électrodes traduisent ainsi les signaux électriques du cerveau en informations et le bras robotique s’empare de la bouteille, uniquement grâce aux signaux reçus par le cerveau. Une expérience saisissante.
Les principales limites de l’invention
Ce n’est pas demain que monsieur tout-le-monde pourra siroter son soda au bureau tout en tapant à l’ordinateur à l’aide d’un bras robotique contrôlé par la pensée. Ce type d’inventions robotiques sont aujourd’hui principalement élaborées pour des sujets amputés, souffrant de paralysie ou d’un trouble moteur.
« Les systèmes d’interface machine-cerveau (IMC) ont été largement étudiés pour permettre aux personnes souffrant de paralysies motrices de contrôler les dispositifs robotiques d’assistance qui remplacent ou récupèrent la fonction perdue, mais pas pour étendre les capacités des utilisateurs en bonne santé », ont déclaré C.I Penaloza et S.Nishio. D’autant plus que chaque sujet possède des capacités de concentration différentes : les résultats de l’étude ont montré que sur 15 participants, seulement 8 ont passé le test avec succès, ce qui suggère que chaque individu est plus ou moins apte à une pensée multitâche.
Cette invention en provenance du Japon n’est donc qu’un début. Mais un début très prometteur : même si d’autres concepts de bras robotiques plus élaborés existent déjà, par exemple au MIT, cette expérience témoigne des progrès qu’il reste d’abord à faire dans l’amélioration de nos capacités cognitives : « (…) peut-être que le multitâche est une compétence qui pourrait être améliorée en utilisant ces sortes de dispositifs contrôlés par le cerveau. En utilisant cette interface cerveau-machine, nous pensons que nous pouvons entraîner le cerveau lui-même ». L’amélioration de nos capacités cognitives et l’assistance aux personnes ayant un handicap moteur doivent donc être la priorité.
Par Félix Tardieu, le
Source: Sciences & Avenir
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