Léonard de Vinci s’est éteint le 2 mai 1519 en France. Le Daily Geek Show souhaite vous présenter une facette essentielle de son génie : sa curiosité exacerbée. C’est par la plume agréable de Walter Isaacson que nous pouvons apprendre de fabuleux détails sur la vie et l’esprit de Léonard de Vinci. Auteur bien connu, il s’était déjà illustré dans les biographies d’autres génies légendaires comme Steve Jobs et Albert Einstein. Aujourd’hui, Isaacson revient avec un véritable travail de décryptage d’un génie sous tous ses angles. Et la curiosité est sans doute le fil conducteur de l’ensemble des réalisations du génie italien.
L’enfance de Léonard, source de cette curiosité démesurée ?
L’une des premières choses à savoir sur Léonard de Vinci est sa nature de bâtard. Naissant d’une union illégitime entre un notaire et une paysanne, il ne peut, hélas pour son père, pas suivre la carrière notariale qui était toute tracée pour les fils de la famille. C’est toute sa destinée qui change alors, lui octroyant une liberté d’action quasi totale. Le jeune Léonard est de nature curieuse. Mais c’est surtout sous l’influence de ses grands-parents, qui l’élèvent à la place de ses parents, qu’il développera une curiosité insatiable. Son grand-père lui répétera sans cesse “d’ouvrir l’œil”, et le jeune Léonard deviendra très vite passionné de tout, véritable curieux du monde, et ne se limitera pas à un domaine en particulier. La biologie, l’ingénierie, le fonctionnement du monde ou du corps humain, tout l’intrigue et attise une passion dévorante chez lui.
C’est également durant son enfance qu’il développera son sens aigu du travail et son esprit d’autodidacte. C’est un point fortement appuyé dans la biographie d’Isaacson où l’on se rend bien compte que Léonard est un véritable “élève de l’expérience”, selon ses termes. Au contraire d’autres génies historiques à l’image d’Einstein, Léonard n’est pas doté d’une intelligence au-dessus de la moyenne de ses contemporains. Les quelque 7 000 pages de notes étudiées et décortiquées par l’auteur de la biographie nous permettent d’ailleurs de comprendre ses façons de penser, de mettre sur papier, de mesurer son incroyable curiosité et de saisir pleinement le génie de l’Homme.
De par sa nature illégitime, Léonard n’est pas du tout formé dès la naissance aux sciences, au grec ou encore au latin. Il est même étranger à ces disciplines, et n’a pas accès aux enseignements alors en vogue, les humanités. Les connaissances qu’il va acquérir ne dépendent presque que de lui. Le tout est finement décortiqué par Isaacson, pour nous donner un livre complet et passionnant sur les réflexions de De Vinci. En les mettant sans cesse en comparaison avec les faits historiques dans lesquels le génie prend part, les parallèles tracés sont fascinants et regorgent de détails inédits.
Léonard de Vinci, ou l’étude de tout
Cette biographie est aussi l’occasion de découvrir toute l’évolution intellectuelle de Léonard de Vinci. Loin de se limiter à une pensée fermée, le génie le plus célèbre de tous les temps est constamment à la recherche d’idées nouvelles et évolue dans bien des domaines. S’il est fermement opposé aux “savoirs transmis” (comprendre académiques) au début de sa vie, il commence à les apprécier à partir des années 1490, après son passage à Milan. C’est notamment cet épisode de sa vie qui lui fera acquérir un tas de connaissances sur une multitude de domaines, et sera le théâtre de bon nombre de ses inventions.
Sa curiosité débordante se traduit par de nombreuses expériences. De Vinci préfère d’ailleurs déduire la théorie de l’expérience, plutôt que l’inverse ! Du moins, durant la première partie de sa vie, puisqu’à partir des années 1490, il ne se considérera plus comme un “disciple de l’expérience”. L’importance des cadres théoriques le passionne alors, et il s’engouffrera dans des archives aussi diverses que variées afin d’étancher sa soif de connaissances. Dans la biographie, ceci est magnifiquement bien retranscrit et on saisit toute l’évolution du génie à travers des exemples toujours illustrés de façon intelligente.
Une curiosité sans limite qui flirtera avec l’illégalité
Léonard de Vinci est né dans une Italie en pleine Renaissance qui recherchait sans cesse des génies créatifs. Il a pu exprimer son imagination et son art dans une multitude de domaines, tout en bénéficiant de l’appui de plusieurs mécènes célèbres. Mais tout n’était pas permis pour autant, notamment en matière de curiosité intellectuelle. Par exemple, la biographie nous apprend un épisode de sa vie où il ira jusqu’à piller des morgues dans le but d’obtenir des sujets d’expérimentations, afin de satisfaire sa curiosité de l’anatomie humaine.
Dans les écrits manuscrits de Léonard, analysés en long et en large, on se rend très vite compte qu’il est sans cesse en activité. Ses contemporains le disent : il s’intéresse à tout en permanence, il débat avec tout le monde de sujets de n’importe quelle branche de métier, questionne, toujours dans le but d’en savoir plus sur un nombre incalculable d’éléments composant la vie. Pourquoi cet oiseau vole de cette façon, comment réalise-t-on une verrerie de cette manière…
À certains moments, nous sommes tentés de nous demander pourquoi s’intéresser à des sujets qui ne correspondent pas, au premier abord, aux domaines dans lesquels il exerçait ? Mais le livre le démontre très bien, Léonard est un véritable puits de connaissances qui ne cesse de s’enrichir, et cette grande variété de savoirs se retrouve, presque par filtration, dans ses différentes œuvres.
Sa curiosité, véritable colonne vertébrale de sa pluralité incroyable de compétences
C’est certainement le point qui fascine le plus quand on évoque Léonard de Vinci. Loin de se limiter à un seul domaine, il excelle et révolutionne la peinture, l’ingénierie, ou encore le théâtre. Ses inventions déboussolent, intriguent, fascinent ses contemporains, qui le considèrent déjà comme un ingénieur hors pair.
Dans le domaine de la peinture, Léonard est mondialement connu pour sa Joconde. Sachez que le génie n’a pas jugé nécessaire de réaliser des tableaux ou croquis préparatoires, ce qui est totalement inédit à l’époque. Léonard, c’est cet homme de pinceau, qui aime dessiner une première impression puis l’agrémenter d’autres coups de pinceaux, le tout donnant une forme de plus en plus riche et un travail florissant. Pour insuffler des émotions dans ses œuvres, il fonctionne avec le sfumato, cette technique picturale unique qui a inspiré des dizaines d’artistes, mais qui n’a jamais été réellement maîtrisée par ses successeurs. Au cours de la lecture de la biographie, vous aurez l’occasion de découvrir l’histoire de ses commandes, comme celle de L’Adoration des mages, mais également plusieurs traits emblématiques de Léonard de Vinci, comme l’inachèvement récurrent dans plusieurs de ses œuvres.
Sa curiosité le mènera surtout à de fantastiques découvertes dans le domaine de l’ingénierie. C’est d’ailleurs l’élément le plus important du génie de De Vinci, et il est assez dommage de le considérer aujourd’hui majoritairement à travers ses peintures, un trait assez réducteur. En utilisant ses inépuisables connaissances en matière de biologie, il concevra par exemple des objets volants. C’est d’ailleurs souvent sous la contrainte de la commande qu’il est poussé à l’innovation, à l’image des systèmes hydrauliques qu’il révolutionnera de par ses connaissances aiguës dans énormément de domaines.
La liste de ses inventions est longue, nous pourrions également citer les automates incroyables qu’il invente pour réaliser des fêtes inoubliables. De manière générale, Léonard excelle pour mettre ses connaissances sur les mécanismes complexes au service du divertissement. Pour l’ensemble de ces raisons, il faut revoir notre jugement : c’est un ingénieur spécialement doué pour la peinture, et non l’inverse.
Quelles leçons tirer de cette biographie ?
Léonard de Vinci fascine. À lui tout seul, il a révolutionné un nombre impressionnant de professions, a produit des chefs-d’œuvre dans de multiples disciplines, et a toujours été guidé par sa curiosité, se traduisant en une soif de connaissances inépuisable. Toujours ouvert et à l’écoute, il ne bénéficie pas d’une constitution intellectuelle très largement au-dessus des autres pour autant. Mais à tout moment il apprend, il discute et fait douter ses contemporains sur leurs certitudes.
Le savoir est peut-être la plus belle des quêtes de Léonard de Vinci. C’est lui qui donne métaphoriquement naissance à l’un des plus grands génies créatifs de l’Histoire. Si La Joconde, La Cène ou encore l’Homme de Vitruve sont ses œuvres les plus connues, la biographie de Walter Isaacson est la parfaite occasion d’en découvrir des dizaines d’autres qui vous fascineront tout autant. Loin de l’image figée du sage barbu, ce livre permet de lire entre les lignes et de désosser le mythe à travers le prisme d’une personnalité riche et passionnante, qui regorge encore de secrets…