Sur les côtes australiennes, des baleines bleues mâles ont été repérées rivalisant férocement pour gagner le privilège de s’accoupler avec une femelle. Lorsqu’une femelle est jugée féconde, les mâles commencent à la suivre de près. Dans un rituel courant chez de nombreuses espèces de cétacés, la femelle mène une danse complexe, attirant les mâles à sa poursuite. Ces derniers utilisent leur imposante taille pour rivaliser et obtenir le statut d’escorteur. Ensemble, ils forment ce qu’on appelle un « groupe de course ».
Alors que de telles luttes ont été observées à plusieurs reprises chez d’autres espèces comme les baleines à bosse, les baleines bleues, plus rares et moins enclines à la présence humaine, rendent les observations de telles manifestations particulièrement rares. Le Dr Peter Gill, de la Blue Whale Study, compte parmi les rares chanceux à avoir assisté à cet événement. Fin mars, lors d’une surveillance au large de l’est de l’Australie-Méridionale, M. Gill a identifié les signes caractéristiques d’un groupe de course.
M. Gill a également mis en garde contre le danger potentiel de la course pour toute personne présente à proximité, comme un navire naviguant imprudemment sur la trajectoire des baleines. « Vous avez trois de ces animaux massifs engagés dans une lutte acharnée, se bousculant et se frappant mutuellement avec leur queue », a-t-il expliqué à ABC. Bien que M. Gill n’ait pas pu confirmer le sexe des baleines observées, ses observations correspondent étroitement à celles d’une équipe canadienne qui a réussi à effectuer des biopsies.
Il a également souligné que les baleines à bosse vont parfois jusqu’à former des groupes de sept ou huit mâles dans des combats similaires, tandis que les baleines franches australes peuvent former des groupes encore plus importants. Cependant, dans les rares cas où des groupes de course de baleines bleues ont été observés, seulement deux mâles étaient impliqués, ce qui laisse penser que la dynamique sociale de ces animaux pourrait être en cours d’évolution depuis leur déclin démographique dû à la chasse à la baleine.
Malgré l’excitation de cette observation, M. Gill a exprimé sa préoccupation quant à l’état de maigreur de la femelle, tandis que les mâles semblaient en bonne santé. Il a noté qu’une augmentation des « baleines maigres » a été observée dans la population de baleines bleues depuis 2007, bien que les raisons de ce phénomène ne soient pas encore clairement établies.
Cette année, la situation pourrait être aggravée par une remontée d’eau particulièrement forte au large de la côte sud australienne, qui n’a pas été accompagnée d’une abondance de krill, l’aliment de base des baleines bleues. Cette anomalie s’ajoute à une migration tardive vers le sud l’année précédente, suggérant des changements dans les ressources alimentaires disponibles dans les eaux indonésiennes, où les baleines se rendent pour se reproduire. Pour aller plus loin, partez à la découverte de la baleine bleue, le plus grand animal de la planète.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: IFL Science
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