Le fait de cligner des yeux permet de les humidifier, mais nous le faisons bien plus souvent que nécessaire. De récentes expériences ont montré que cette action réflexe jouait également un rôle clé dans le traitement des informations visuelles.
Nictation
On a longtemps pensé que la principale fonction du clignement d’yeux était de chasser les petits corps étrangers (poussière, cils…) et ainsi prévenir les infections. Si ce phénomène, connu sous le nom de nictation, y contribue effectivement, sa fréquence semble légèrement excessive : en moyenne, les humains clignent des yeux jusqu’à 20 fois par minute, soit près de 20 000 fois par jour.
Bien que chaque clignement ne dure qu’entre 0,1 et 0,4 seconde, cela représente environ 8 % de nos heures d’éveil. Ces interruptions constantes du traitement visuel ayant un coût énergétique important pour notre cerveau, des chercheurs de l’université de Rochester ont cherché à déterminer le bénéfice « caché » d’un tel mécanisme.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue PNAS, ceux-ci ont suivi les mouvements oculaires d’observateurs humains exposés à différents stimuli visuels, incluant des motifs plus ou moins détaillés. Les données récoltées ont ensuite été associées à des modèles informatiques et une analyse spectrale afin d’évaluer précisément l’impact de la nictation sur la vision et son traitement par le cerveau.
Un rôle clé
L’équipe a découvert que le mouvement rapide de la paupière lors d’un clignement modifiait les motifs lumineux stimulant la rétine, envoyant au cerveau un type de signal visuel différent de celui émis lorsque nos yeux sont ouverts et concentrés sur un élément donné.
En pratique, la nictation aide à avoir une vue d’ensemble d’une scène, et à percevoir des motifs à grande échelle changeant lentement.
« Nos travaux montrent que les observateurs humains tirent profit des phases transitoires du clignement des yeux », avance Bin Yang, auteur principal de la nouvelle étude. « Contrairement à ce qui était jusqu’à présent supposé, cette action améliore, et non perturbe, le traitement visuel, en compensant largement la perte d’exposition au stimulus. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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