D’après des chercheurs, l’absence d’une certaine souche de bactéries intestinales provoque un déficit social chez la souris. En introduisant cette bactérie dans l’intestin des animaux affectés, les chercheurs ont été capables d’inverser certains problèmes de comportements identifiés comme des symptômes de l’autisme (trouble du spectre autistique ou TSA).
Certains groupes de chercheurs utilisent des médicaments ou des stimulations électriques au niveau du cerveau des souris pour tenter d’inverser des comportements dus à de mauvais développements neuronaux. Mais, d’après Mauro Costa-Mattioli, neuroscientifique à l’université de médecine de Baylor, une autre approche a été trouvée. Avec ses collègues, elle ignore encore si cette approche est efficace chez l’Homme, mais l’idée est de toucher le cerveau via les intestins, un processus novateur et encourageant.
En sachant que certains individus atteints d’autisme présentent des problèmes gastro-intestinaux, Mauro Costa-Mattioli et ses collègues se sont penchés sur une possible connexion entre ces troubles et le microbiote. Il s’agit d’une colonie de bactéries normale et bénéfique pour le corps, en harmonie avec l’organisme humain. De nouvelles études montrent en effet que le régime alimentaire peut modifier le microbiote des intestins et que le microbiote intestinal peut, lui, influencer le cerveau.
Tout d’abord, les chercheurs ont nourri une soixantaine de souris femelles avec un régime alimentaire riche en calories, équivalent à plusieurs fast-food quotidiens. Ils ont accouplé les animaux et ont attendu que les femelles soient en gestation. Les nouveau-nés sont ensuite restés avec leurs mères pendant trois semaines avant d’être nourris avec un régime alimentaire normal. Un mois plus tard, ces derniers ont montré des différences comportementales : ils ne passaient pas beaucoup de temps avec leurs pairs et ne s’adonnaient à aucune interaction sociale.
Puisque les rongeurs ingurgitent les excréments de leurs congénères, au sein d’une même cage, les chercheurs ont réuni les petits des souris ayant un régime riche en calories en présence de souris normales. Ils ont ainsi observé un changement complet du microbiote intestinal et une amélioration du comportement, en seulement 4 semaines. Les investigateurs ont conclu qu’il y avait au moins une bactérie bénéfique à un comportement normal. Ils ont aussi remarqué que le microbiote des rongeurs nés de mères avec un régime alimentaire très riche amenait les déficits comportementaux. Enfin, ils ont utilisé des souris dépourvues de microbiote, les faisant ingérer les excréments de la descendance susdite. C’est alors qu’ils ont observé les symptômes d’un autisme social.
En séquençant tous les gènes du microbiote problématique, les chercheurs ont révélé un type de bactérie, Lactobacillus reuteri. En l’utilisant comme traitement pour les souris déficientes, les scientifiques ont pu soigner leur déficit comportemental. Ils ont aussi remarqué que cette bactérie promeut la production de l’hormone ocytocine, connue pour son rôle dans les comportements sociaux et son association à l’autisme chez l’Homme.
D’après cette étude, il est possible qu’à l’avenir cette bactérie puisse être utilisée pour synthétiser un probiotique afin de soigner les désordres de développement neuronal chez l’Homme. C’est un véritable espoir ! Si ce sujet vous intéresse, vous pouvez découvrir comment la génétique peut aider à combattre certains symptômes de l’autisme.
Par Anaïs Devouge, le
Source: Science Daily
Étiquettes: probiotiques, traitement, bactéries, souris, autisme
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