L’observation de planètes se trouvant sur des orbites « impossibles » suggère que celles-ci ne se seraient pas formées autour de leur astre hôte, mais auraient été subtilisées à d’autres étoiles ou capturées dans l’espace lointain.
Hold-up planétaire
Les astres de type B sont des étoiles extrêmement chaudes, au moins trois fois plus massives que le Soleil. Alors qu’on les pensait incapables d’héberger des planètes, une nouvelle étude publiée dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society : Letters remet en question cette conception. Basée sur des observations réalisées fin 2021 et début 2022, celle-ci a identifié trois énormes planètes (au moins dix fois plus massives que Jupiter) en orbite large autour de telles étoiles.
« Elles ne devraient pas être là », explique Richard Parker, de l’université de Sheffield. « Les planètes se forment à partir de nuages de poussière et de gaz appelés disques protoplanétaires, mais les étoiles de type B émettent de puissants rayonnements ultraviolets qui les emportent, ne laissant que peu de matière. »
Afin d’éclaircir ce mystère, Parker et ses collègues ont réalisé une vingtaine de simulations de régions de formation d’étoiles similaires aux zones où ces mondes ont été repérés, et constaté qu’il était assez fréquent que deux étoiles passent à proximité l’une de l’autre et que les orbites des planètes qu’elles abritaient soient perturbées.
Sur une période simulée d’environ 10 millions d’années, les chercheurs ont trouvé 11 planètes éjectées de leur orbite puis récupérées par un autre astre, ainsi que 7 mondes directement subtilisés à leur étoile hôte, dans ce que Parker qualifie de « hold-up planétaire ». « Cela pourrait être dû à la puissante attraction gravitationnelle des étoiles massives, leur permettant de capturer ou de voler plus facilement des planètes », avance-t-il.
Des orbites révélatrices
L’analyse approfondie des données suggère que deux des trois planètes (orbitant respectivement à des distances 290 et 550 fois supérieures à celle séparant la Terre du Soleil) étaient probablement des mondes errants dérivant dans le cosmos, tandis que la troisième (21 fois plus éloignée de son étoile que notre planète ne l’est du Soleil) a probablement été subtilisée à une autre étoile.
« Si les planètes se forment d’une façon similaire à Neptune, elles peuvent facilement être éjectées de leur système d’origine et être récupérées, ou volées par un autre astre », ajoute Parker. « Plus un monde est éloigné de son étoile et l’astre ‘voleur’ massif, plus cela est probable. »