Délimitant l’épaule droite de la constellation d’Orion, l’étoile Bételgeuse avait rapidement perdu de son éclat entre fin 2019 et début 2020. De nouvelles simulations ont enfin permis d’« éclaircir » ce mystère.
Une baisse de luminosité spectaculaire
Connu sous le nom de « Grand Assombrissement », l’évènement observé par les astronomes avait entraîné une réduction de la luminosité de l’astre d’environ 65 %. Une chute si spectaculaire que celle-ci aurait pu être remarquée même si Bételgeuse s’était trouvée en dehors de notre galaxie. À l’époque, plusieurs scénarios avaient été envisagés pour expliquer ce phénomène, impliquant un processus interne de l’étoile, un objet situé entre nos télescopes et cette dernière, ou la mort imminente de la supergéante rouge par supernova.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature, Miguel Montargès, de la Sorbonne, et ses collègues ont examiné des images détaillées de Bételgeuse prises par le Very Large Telescope (Chili) et constaté que l’obscurcissement était localisé dans l’hémisphère sud de l’astre, devenu 10 fois plus sombre que d’habitude.
Les simulations informatiques des différents scénarios susceptibles d’avoir provoqué une telle baisse d’intensité lumineuse ont montré que ce phénomène était à la fois dû à un point froid au niveau de l’étoile elle-même et à un nuage de poussière.
L’évolution normale d’une supergéante rouge
Selon l’équipe, Bételgeuse a d’abord éjecté une bulle de gaz qui a entraîné le déplacement d’énormes bulles de plasma en son sein, lui-même responsable d’une baisse de la température d’une partie de la surface de l’astre. Une fraction du gaz de la bulle libérée s’est ensuite condensée en poussière opaque, ce qui s’est traduit par une baisse de température dans d’autres parties de la bulle, générant encore plus de poussière stellaire et donc d’obscurcissement.
Les chercheurs soulignent qu’il s’agit là d’un comportement parfaitement normal pour une étoile comme Bételgeuse, et que celui-ci a uniquement pu être observé car le nuage de poussière stellaire se situait précisément entre nous et l’étoile, qui serait 25 % plus proche que prévu.
« D’après ce que nous savons de Bételgeuse, ce phénomène n’est pas le signe avant-coureur d’un effondrement, d’une supernova ou de quoi que ce soit d’autre de ce genre », commente Emily Levesque, de l’université de Washington. « Il fait simplement partie de l’évolution normale d’une supergéante rouge, et nous l’avons vu se produire simplement parce que Bételgeuse est relativement proche de la Terre. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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