La hausse des températures et la pollution sont en train de détruire en silence l’un des sites les plus sauvages au monde : la glace de mer de l’Arctique. Si la fonte des glaces polaires est déjà un fléau, une équipe de chercheurs a imaginé un système pour recréer la glace de mer avant qu’elle ne disparaisse. Cependant, une somme colossale est demandée pour financer le projet et s’il est concrétisé, fonctionnera-t-il aussi bien que ce que les scientifiques pensent ? Enquête sur ce projet titanesque destiné à préserver l’Arctique.
Fléau de ce siècle, le réchauffement climatique est aujourd’hui responsable d’une véritable catastrophe en Arctique : la disparition progressive de la glace de mer. Se reproduisant chaque année à la fin de l’été, ce phénomène est provoqué par la chute brutale des températures causée par un froid polaire atteignant parfois les -40°. Quand la surface de l’eau refroidit, des cristaux de glace se forment isolant l’eau de l’air et épaississant la banquise. Toutefois, la hausse des températures ont raison de cette couche de glace et celle-ci tend dangereusement à disparaître.
Comment empêcher la disparition de la glace de mer ?
Résoudre le problème de la fonte de la glace de mer est au cœur des préoccupations de nombreux pays mais aussi de la communauté scientifique. Steven Desch, physicien travaillant à l’Université d’Etat de l’Arizona, planche sur la question et il a imaginé avec certains de ses collègues une installation qui pourrait permettre à l’Arctique de retrouver ses glaciers en lui donnant un coup de main technologique. Steven Desch veut faire construire sur la calotte glaciaire de l’Arctique 10 millions de pompes éoliennes qui permettraient, une fois l’hiver venu, d’aider l’Arctique à se reformer.
Pendant cette saison, elles pomperaient l’eau jusqu’à la surface de la glace afin de la faire geler. Le système pourrait, selon les estimations des scientifiques, ajouter un mètre supplémentaire d’épaisseur de glace à la calotte de l’Arctique. Steven Desch précise à ce sujet qu’« une glace plus épaisse signifie une glace plus longue. À son tour, cela signifierait que le danger que toute la glace de mer disparaisse de l’Arctique en été serait considérablement réduit ». Néanmoins, malgré les intentions louables derrière ce projet, un problème de taille subsiste : le financement de cette installation.
Un projet de préservation à 500 milliards de dollars
Pour pouvoir réaliser la construction et l’installation des 10 millions de pompes de ce projet, il faudrait débourser la somme de 500 milliards de dollars. Si un tel montant peut paraître astronomique, « c’est le genre de dépenses qui peuvent s’avérer nécessaires si nous voulons mettre fin à la situation désastreuse auquel est confronté l’Arctique », selon Steven Desch. Cependant, les propos du physicien sont motivés par une triste réalité qui alarment tous les scientifiques : la région a subi de plein fouet un changement de température trop important.
A l’heure actuelle, l’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que ce que les estimations climatiques avaient prédit. Des mesures mondiales ont été mises en place notamment suite à la signature de l’accord de Paris en 2015, mais elles seraient insuffisantes. Les scientifiques prédisent que si aucune autre action n’est menée pour empêcher la fonte de l’Arctique, il pourrait complètement disparaître d’ici à 2030.
Quel impact aurait la disparition de l’Arctique sur l’environnement ?
Au-delà de la disparition d’un des sites les plus beaux et préservés de la planète, la fonte totale de la glace de mer de l’Arctique mettrait en péril la survie de nombreuses espèces animales terrestres et aquatiques. La destruction du lieu favoriserait également le réchauffement climatique car les rayons du Soleil ne seraient plus réfléchis par la glace. Enfin, la fonte de la calotte glaciaire perturberait tous les modèles météorologiques de l’hémisphère Nord, réchaufferait toutes les eaux du globe, pousserait les grandes entreprises à l’exploitation de ce territoire et libérerait davantage de gaz carbonique dans l’atmosphère.
« Notre seule stratégie à l’heure actuelle semble être de dire aux gens de cesser de brûler des combustibles fossiles. C’est une bonne idée, mais il faudra beaucoup plus que cela pour empêcher la glace de mer de l’Arctique de disparaître. » Le projet de pompes éoliennes semble donc indispensable à la préservation du site, d’autant que ce n’est pas le premier pensé pour sauver l’Arctique du réchauffement climatique.
Un cas qui pousse à imaginer les projets les plus fous
Steven Desch n’est pas le premier scientifique à mettre au point un projet visant à sauver la glace de mer. Parmi les autres idées évoquées pour préserver l’Arctique, on trouve un blanchiment artificiel réalisé en diffusant des particules de couleur claire afin de refléter les rayons du soleil ou encore un générateur de nuages reflétant également la lumière du soleil.
Tous ces projets très imaginatifs pourraient potentiellement éviter la fonte de la glace de mer mais ils sont extrêmement coûteux. Plus inquiétant encore : le fait même qu’on les examine révèle à quel point les chercheurs sont désespérément inquiets au sujet de l’Arctique. La situation est tellement grave qu’elle va au-delà de tout ce que les scientifiques avaient imaginé.
Le projet de Steven Desch peut-il réellement fonctionner ?
Quand on lui pose la question, l’intéressé est persuadé qu’il peut marcher et ainsi sauver la glace de mer. Cependant, il a également conscience que le projet est un peu choquant aussi bien par sa nature que par son coût, mais qu’il est nécessaire de le présenter ainsi afin de provoquer un électrochoc. « Nous avons besoin de mettre un coût réaliste sur ces choses. Nous ne pouvons pas continuer simplement à dire aux gens, « arrêtez de conduire votre voiture ou c’est la fin du monde. Nous devons leur donner d’autres options, même si nous avons besoin d’y mettre le prix ».
Par Justine Manchuelle, le
Source: The Guardian
Étiquettes: environnement, réchauffement climatique, arctique, banquise, projet, glace-de-mer, pompes-eoliennes, steven-desch
Catégories: Actualités, Écologie