Des températures record, moins de glace de mer et un environnement biologiquement modifié, tel est le nouveau visage d’Arctique en 2020 selon le rapport annuel de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).
Une année record
Ayant impliqué plus de 130 scientifiques du monde entier, le Bulletin annuel arctique évoque « des taux de changement alarmants » depuis une quinzaine d’années, s’étant notamment traduits par des températures anormalement élevées et une intensification des feux de forêt en Sibérie cet été. Si 2020 a été la seconde année la plus chaude dans l’Arctique depuis le début de relevés en 1900, les chercheurs précisent que cela s’inscrit dans une tendance plus large, avec neuf des dix dernières années ayant vu la température de l’air dépasser d’au moins 1 °C la moyenne de 1981-2010.
Certains endroits ont connu une chaleur inhabituelle cette année. Dans certaines régions de Sibérie, la température était supérieure de 5 °C à la moyenne à long terme au cours du premier semestre de l’année, et une température de 38 °C a même été enregistrée à Verkhoïansk en juin. Un record pour une ville située au nord du cercle arctique selon le rapport de la NOAA.
Alors que les températures terrestres moyennes ont augmenté de plus d’1 °C depuis le début de la révolution industrielle, toutes les régions du globe ne sont pas logées à la même enseigne. On estime que l’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus rapidement que le reste de la planète, ce qui s’est notamment traduit cette année par des passages maritimes ouverts à la navigation beaucoup plus longtemps.
L’étendue minimale de la glace de mer dans l’Arctique atteinte à la fin de l’été s’est avérée être la seconde plus faible en 42 ans de relevés satellites, et les chercheurs ont également noté une importante diminution de l’épaisseur de cette dernière, devenue plus jeune et fragile au cours de la dernière décennie.
De profonds bouleversements
Le climat de l’Arctique reste stable grâce à ses grandes étendues de glace de mer, qui régulent les températures de l’air et de l’océan. Mais avec l’intensification du réchauffement climatique, la couverture de glace diminue rapidement, exposant une plus grande partie de la terre et de l’océan au rayonnement solaire. Ce qui entraîne un changement radical et permet aux courants de pénétrer plus profondément dans l’Arctique.
Cette année a également été tumultueuse pour les glaciers de l’Arctique. La fonte du permafrost a entraîné une marée noire désastreuse en Russie suite à l’effondrement d’un réservoir de carburant (ayant libéré 20 000 tonnes d’hydrocarbures). Tandis que la dernière plate-forme glaciaire arctique entièrement intacte du Canada a connu le même sort après avoir perdu plus de 40 % de sa superficie en deux jours seulement fin juillet.
Le rapport révèle également que les températures de surface des eaux arctiques étaient de 1 à 3 ºC supérieures à la normale, ce qui explique en grande partie pourquoi la glace de mer a mis si longtemps à se reconstituer. Ironiquement, une eau plus chaude a eu des impacts biologiques positifs, avec une productivité primaire de l’océan 2 à 6 fois plus élevée en mer de Laptev.
« Si nous ne réduisons pas nos taux d’émissions, le climat de l’Arctique changera de manière si importante que les niveaux historiquement bas des étendues de glace de mer paraîtront normaux et les températures record sembleront fraîches par rapport à ce que nous connaîtrons à l’avenir », conclut Laura Landrum, co-auteure du rapport.
Par Yann Contegat, le
Source: ZME Science
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Catégories: Écologie, Actualités