Dans les profondeurs de l’océan Pacifique, au large des côtes du Chili et du Pérou, une découverte vient de révéler la vie foisonnante qui se développe loin sous les vagues. La zone, connue sous le nom de marge du Chili, est un lieu où des plaques tectoniques se déplacent et glissent sous la plaque continentale sud-américaine, créant une région géologiquement active. Cette activité est à l’origine d’un écosystème unique et riche, aujourd’hui étudié par une équipe internationale de scientifiques marins.
La marge du Chili est l’un des environnements géologiques les plus dynamiques au monde. Elle est située à la jonction de trois plaques tectoniques : les plaques de Nazca, Antarctique et sud-américaine. Ici, le mouvement des plaques provoque une activité volcanique sous-marine qui libère de la chaleur et des produits chimiques essentiels dans les abysses de l’océan. Ces processus forment un milieu propice à la vie marine, qui prospère en dépit des conditions hostiles et de l’obscurité. Grâce aux recherches actuelles, les scientifiques s’efforcent de mieux comprendre les écosystèmes uniques qui se développent autour des points chauds hydrothermaux de la marge du Chili.
Pour explorer ces régions profondes et difficiles d’accès, une équipe internationale à bord du navire de recherche Falkor, dirigée par des chercheurs de l’université de Boston, de l’université d’Aveiro au Portugal et de l’université de Valparaíso au Chili, a entrepris une expédition de 55 jours. Munis du robot sous-marin SuBastian, capable de transmettre des images et des vidéos haute résolution des fonds océaniques, les chercheurs sont en mesure de plonger là où l’Homme ne peut normalement pas accéder.
Lorsque des organismes marins meurent, ils se déposent au fond de l’océan, où leur décomposition génère du méthane emprisonné dans les sédiments. Ce méthane finit par s’échapper à travers des fissures, créant des suintements qui attirent une diversité de micro-organismes capables de convertir ce gaz en énergie. Ces microbes, dits chimiosynthétiques, transforment le méthane en roches carbonatées qui deviennent des habitats pour une variété d’espèces. En fixant le méthane, ces micro-organismes empêchent aussi ce gaz à effet de serre de s’échapper dans l’atmosphère terrestre.
Les premières vidéos de l’expédition montrent un monde foisonnant de vie. Au cœur de cet écosystème mystérieux, les chercheurs ont observé de vastes colonies de crabes-araignées déambulant sur le plancher océanique. Autour des suintements et des évents hydrothermaux, des vers tubicoles du genre Lamellibrachia s’accumulent en grands ensembles qui rappellent des récifs. Ces structures fournissent un abri et des ressources alimentaires à une myriade d’autres organismes, y compris des étoiles de mer, des anémones et même des calmars. L’équipe a capturé une scène impressionnante montrant un calmar Gonatus onyx transportant ses œufs dans une poche protectrice. Après une longue période d’incubation, ce calmar secoue cette membrane pour libérer ses petits, une stratégie unique dans le monde marin.
Une autre séquence postée sur les réseaux sociaux révèle un ver polychète se déplaçant avec grâce sur le fond océanique, ses poils brillant d’iridescence. Ces vers, bien que peu connus du grand public, jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire, servant de prédateurs, de proies et contribuant au nettoyage des détritus océaniques. Alors que l’expédition se poursuit jusqu’au 5 décembre, les chercheurs continueront d’explorer des suintements de méthane et des évents hydrothermaux encore non découverts, en particulier dans la région appelée « Chile Triple Junction ». Cette jonction est le seul point au monde où une dorsale océanique se retrouve subduite sous une plaque continentale, ce qui en fait une zone d’activité tectonique et volcanique intense.
Par ailleurs, une mystérieuse espèce de poulpe a été filmée dans les profondeurs de l’océan.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Science Alert
Étiquettes: araignée de mer
Catégories: Animaux & Végétaux, Brèves