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Mais pourquoi avons-nous des doigts ? Selon une étude, la réponse se trouve dans l’anus des poissons

Une découverte qui a de quoi étonner

poisson rouge
— Aleron Val / Shutterstock.com

Et si nos doigts, si utiles au quotidien, devaient leur existence à une partie bien moins glamour de l’anatomie d’un poisson préhistorique ? Une équipe de chercheurs pense avoir trouvé la clé d’un mystère évolutif vieux de plusieurs centaines de millions d’années. Explications.

Des gènes réutilisés par l’évolution

Depuis longtemps, les scientifiques cherchent à comprendre comment les tétrapodes, ces animaux à quatre membres dont nous faisons partie, ont développé doigts et orteils à partir de leurs ancêtres aquatiques. Si l’hypothèse la plus répandue évoque une transformation des nageoires, elle ne suffit pas à expliquer seule l’apparition de nos agiles appendices.

Les gènes Hoxd, connus pour contrôler la formation des doigts chez les tétrapodes, faisaient partie de l’enquête. En comparant les génomes de poissons et de souris, des chercheurs suisses et américains ont observé que, bien que les poissons-zèbres n’aient ni doigts ni certains gènes Hoxd, ils conservent des commutateurs ADN régulateurs. Restait à comprendre à quoi ils servaient.

Quand le cloaque éclaire l’évolution des doigts

Pour le savoir, l’équipe a marqué ces commutateurs avec des traceurs fluorescents. Chez la souris, ils s’activaient dans les doigts. Chez le poisson-zèbre, dans le cloaque, l’orifice unique servant à l’excrétion et à la reproduction. Des tests avec la technologie CRISPR-Cas9 ont confirmé cette fonction : retirer ces éléments perturbait la formation des doigts chez la souris et celle du cloaque chez le poisson.

Selon les chercheurs, cela prouve que le paysage génétique qui sculpte nos doigts avait à l’origine pour rôle de façonner le cloaque des poissons il y a environ 380 millions d’années. L’évolution n’a donc pas inventé un mécanisme de zéro, mais a recyclé un outil génétique existant pour l’adapter à une nouvelle fonction.

Comme le résume la généticienne Aurélie Hintermann, « doigts et cloaques marquent tous deux la fin de quelque chose : parfois un tube digestif, parfois une main ou un pied« .

Ces résultats, publiés dans Nature, rappellent que l’évolution sait faire preuve d’une étonnante économie. Reste à explorer d’autres réutilisations génétiques qui ont façonné la vie sur Terre. Et vous, imaginiez-vous que vos doigts pouvaient devoir leur origine à l’anatomie intime d’un poisson ?

Par ailleurs, vous avez mal aux dents ? Blâmez ce poisson vieux de 465 millions d’années.

Par Cécile Breton, le

Source: Science Alert

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