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La NASA détecte une anomalie gravitationnelle longue de 7 000 kilomètres au-dessus de l’Atlantique

La gravité de la Terre aurait vacillé pendant deux ans

anomalie gravitationnelle
— © NASA’s Scientific Visualization Studio

Les satellites de la NASA ont repéré quelque chose d’étrange au-dessus de l’océan Atlantique : une variation de gravité d’une ampleur inhabituelle, longue de plusieurs milliers de kilomètres. En cherchant à comprendre son origine, les scientifiques ont mis au jour un phénomène bien plus profond, qui pourrait être lié à une mystérieuse secousse du champ magnétique terrestre. Explications.

Une découverte intrigante dans les données du satellite GRACE

Le satellite GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment) de la NASA, un duo d’engins orbitant en tandem, a permis de détecter une anomalie gravitationnelle majeure au-dessus de l’océan Atlantique. En mesurant en continu la distance qui les sépare, les satellites peuvent repérer les variations locales de gravité : plus un satellite survole une zone dense, plus il accélère légèrement sous l’effet de la masse située en dessous.

Ces mesures servent à dresser une carte précise du champ gravitationnel terrestre, où chaque déviation peut révéler des phénomènes géologiques ou climatiques inédits. Cette fois, les chercheurs ont mis en évidence un gradient gravitationnel d’environ 7 000 kilomètres, apparu entre 2006 et 2008, combinant une zone de forte gravité et une autre plus faible.

L’équipe dirigée par la géophysicienne Charlotte Gaugne Gouranton, de l’université Paris-Cité, a d’abord tenté d’expliquer ce signal par le mouvement des masses d’eau en surface ou dans les nappes souterraines, sans succès. L’anomalie semblait venir de bien plus loin, du cœur même de la Terre.

Des secousses géomagnétiques venues des profondeurs

En parallèle, les observatoires terrestres ont observé une modification brutale du champ magnétique planétaire. Ces variations, appelées secousses géomagnétiques, sont connues pour survenir de manière imprévisible et restent encore mal comprises. Les dernières grandes secousses enregistrées remontent à 1991, 1999 et 2003, avant qu’un signal particulièrement marqué ne soit détecté en 2007, exactement au moment où l’anomalie gravitationnelle a atteint son pic.

Les chercheurs suggèrent que ces deux phénomènes pourraient être liés. Selon eux, la cause de l’anomalie se trouverait à la limite entre le noyau et le manteau terrestre (CMB), où d’intenses pressions et températures peuvent modifier la structure du minéral bridgmanite, le plus abondant sur Terre. Cette transformation de phase, entre les états pérovskite et post-pérovskite, pourrait avoir redistribué rapidement la masse à grande profondeur, provoquant la perturbation observée.

« Nous pensons qu’au moins une partie du signal reflète des redistributions de masse rapides dans le manteau », indique l’équipe, qui évoque une différence de densité d’environ 100 kg·m⁻³ entre les deux phases du minéral.

Un lien direct entre le noyau terrestre et le champ magnétique ?

Si cette hypothèse se confirme, elle pourrait éclairer un mécanisme inédit reliant les mouvements internes du manteau terrestre à la dynamique du champ magnétique. Ces redistributions de masse profondes pourraient altérer temporairement le flux du noyau, entraînant des variations magnétiques globales.

« Il reste maintenant à étudier comment ces changements dans la topographie du noyau-manteau peuvent influencer la dynamique du champ géomagnétique », concluent les chercheurs, qui appellent à poursuivre les observations grâce aux missions GRACE et GRACE(-FO).

L’étude, publiée dans la revue Geophysical Research Letters, révèle que notre planète reste bien plus vivante et imprévisible qu’elle n’en a l’air, soit jusque dans les profondeurs où la gravité elle-même semble vaciller.

Par ailleurs, ce courant essentiel à l’Atlantique va bientôt s’effondrer, provoquant une ère glaciaire en Europe.

Par Cécile Breton, le

Source: IFL Science

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