Des scientifiques finlandais ont mis au point une nouvelle protéine fabriquée exclusivement à « partir d’air ». En séparant l’hydrogène de l’air et de l’eau et en utilisant des bactéries du sol, celle-ci pourrait bien rivaliser avec le soja dans les années à venir.

UNE NOUVELLE PROTÉINE POUR REMPLACER LE SOJA ?

Remplacer le soja d’ici quelques années avec une toute nouvelle protéine créée presque uniquement à partir d’air et d’eau ? Voici le nouveau défi ambitieux que s’est donné Solar Foods, une start-up finlandaise. En effet, les scientifiques à l’origine de ces recherches expliquent que cette protéine est produite à « partir d’air » et pourrait concurrencer le soja.

Cette protéine est baptisée « soléine« . La start-up a dévoilé le fonctionnement principal de sa fabrication. Pour ce faire, les scientifiques utilisent une méthode d’électrolyse afin de séparer les molécules d’hydrogène de l’air ou de l’eau à l’aide d’électricité pour ensuite alimenter des bactéries avec. Grâce à la fermentation de l’hydrogène par ces fameuses bactéries, la soléine serait produite. Une fois accumulées, ces protéines forment des grains n’ayant aucun goût, mais tout en ayant une grande utilité : elles peuvent faire office de farine pour fabriquer du pain. Par ailleurs, les chercheurs affirment que ce produit peut être cultivé à partir d’émission de gaz à effet de serre quasi nulle, l’électricité nécessaire pour sa production étant obtenue à partie de l’énergie solaire et éolienne.

— naito29 / Shutterstock.com

UNE IDÉE QUI SERAIT INSPIRÉE DE L’INDUSTRIE SPATIALE

Pasi Vainikka, PDG de Solar Foods, a rapporté à la BBC que la méthode utilisée pour fabriquer cette nouvelle denrée (l’électrolyse) a initialement été utilisée dans le cadre de l’industrie spatiale dans les années 1960. Il précise également que l’usine de démonstration de la start-up ouvrira ses portes d’ici 2022, un investissement définitif se fera en 2023 et la toute première usine pourrait apparaître dès 2025. Le prix de l’électricité est également un facteur déterminant et prometteur. A mesure que de plus en plus d’énergies renouvelables seront mises à disposition, le coût de l’électricité diminuera.

« Jusqu’à présent, nous nous débrouillons assez bien. Une fois que nous aurons mis au point l’usine depuis la première en ajoutant des réacteurs (pour fermenter les protéines) et en tenant compte des progrès incroyables dans d’autres technologies propres comme l’énergie éolienne et solaire, nous pensons que nous pouvons rivaliser avec le soja peut-être dès 2025″, explique Pasi Vainikka.

S’ÉMANCIPER DE L’AGRICULTURE ET DE SON IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT

Cette nouvelle protéine pourrait également avoir de nombreuses propriétés et remplacer certains aliments. En effet, la soléine pourrait imiter l’huile de palme et remplacer la farine tout en renforçant le goût des tartes, des glaces, des biscuits, des pâtes, des nouilles, des sauces ou bien du pain. Elle pourrait éventuellement être utilisée dans les productions de viande ou de poisson. Enfin, elle servirait de nourriture pour le bétail en remplaçant le soja produit dans des forêts tropicales humides. L’idée cachée derrière la soléine est donc de s’émanciper de l’agriculture et de son impact sur l’environnement.

Georges Monbiot, militant écologiste, est particulièrement pessimiste concernant l’avenir de notre planète. Il souligne tout de même que Solar Foods offre beaucoup d’espoir. « La production déchire le monde vivant. La pêche et l’agriculture sont, de loin, la principale cause de l’extinction et de la perte de la diversité et de l’abondance de la faune et de la flore. L’agriculture est une cause majeure de la dégradation du climat. Mais alors que l’espoir semblait s’évaporer, « la nourriture sans ferme » crée des possibilités surprenantes pour sauver humains et planète. En passant provisoirement à une alimentation à base de plantes, nous pouvons aider à gagner du temps pour sauver des espèces et des lieux. Mais la « nourriture sans ferme » offre de l’espoir là où il en manquait. Nous pourrons bientôt nourrir le monde sans le dévorer. »

Par ailleurs, en septembre 2019, un groupe de chercheurs avait également publié les résultats de son étude concernant des protéines microbiennes similaires. Ils expliquaient que la production de ces protéines nécessiterait avant tout moins de surface cultivable et moins d’eau que la production de soja. Leur objectif est donc de lutter contre le changement climatique lié au secteur agroalimentaire.

Solar Foods précise que la consommation énergétique nécessaire pour produire la soléine demande d’utiliser de l’électricité provenant uniquement de dispositifs à énergie renouvelable. Désormais, les producteurs ont récolté 5,5 millions d’euros d’investissements et souhaitent que leurs coûts atteignent ceux de la production de soja d’ici la fin de la décennie 2020.

Désormais il reste à voir si l’impact environnemental de Solar Foods sera tout aussi faible avec un production à l’échelle internationale. Et il faudra encore plusieurs années avant que la production de soléine ne soit assez importante pour répondre à la demande mondiale. Mais ce projet promet une production plus écologique sur le long terme en matière d’aliments synthétisés.

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