Entre le fidèle Robin, le commissaire Gordon et ses camarades de la Justice League, Batman peut se vanter d’avoir des alliés. Mais seul l’un d’entre eux est resté avec lui depuis sa petite enfance : Alfred Pennyworth, son majordome. Retour sur celui sans qui Batman ne pourrait pas se relever de ses batailles.

Le jeune Bruce Wayne n’est pas le seul individu dont la vie a dramatiquement changé lors de l’assassinat de ses parents. Pour le Alfred que l’on connaît aujourd’hui, la famille Wayne était pour ainsi dire sa vraie famille. Le père d’Alfred, Jarvis, servait déjà les Wayne et c’est donc une situation entre devoir et amour qu’occupe le majordome. À la mort des parents de Bruce, Alfred prend sur lui la responsabilité d’éduquer le garçon afin d’en faire un homme digne de l’héritage de ses parents.

Il va tenter de transformer la peine et la colère de Bruce en une force intarissable. Quand Bruce décide de se vêtir de noir et de partir combattre le crime, Alfred est l’un des seuls à connaitre l’identité secrète du héros de DC Comics. Surtout dans les premières versions d’Alfred, ce dernier l’accompagne même dans certaines de ses aventures et l’aide à résoudre quelques affaires. Dans le concret, il est l’aide technique et médical de Bruce/Batman.

Il gère ses deux identités et planifie son calendrier pour que la vie du businessman ait le moins d’impact possible sur sa vie de justicier. Lorsque le justicier perd son compas moral, Alfred est souvent là pour agir en tant que conscience de Bruce et l’empêcher de faire quelque chose qu’il pourrait regretter. La personnalité de Bruce le pousse parfois à ignorer ses conseils, malgré le profond respect qu’il a pour son majordome.

Alfred est toujours présent, mais sous des formes différentes. Comme tout bon personnage de comics qui se respecte, Alfred a plusieurs « versions ». Et c’est bien normal, car certains de ces personnages ont maintenant plus de 70 ans et sont passés entre les mains de plusieurs écrivains, dessinateurs, réalisateurs et directeurs artistiques.

La première apparition d’Alfred date de 1943 dans le numéro 16 de Batman. Son arrivée est amorcée par le manque d’humour du comics. Problème auquel Alfred doit remédier. Ce sont Bob Kane (créateur de Double-Face, de Catwoman, du Pingouin, etc.) et Jerry Robinson (co-créateur du Joker et de Double-Face) qui le mettent sur les pages du comics et le font arriver d’Angleterre. Batman le sauve d’une altercation dans la rue alors que des criminels veulent voler sa valise.

Plus tard, Alfred arrive au manoir Wayne et annonce qu’il est là pour devenir le nouveau majordome d’un certain Bruce Wayne. Batman est d’abord contre l’idée d’avoir quelqu’un qui pourrait le surveiller constamment, mais lors de l’une de ses missions, Alfred découvre l’identité secrète de son employeur et entrant dans la Batcave plus ou moins par hasard.

Le personnage met du temps à se trouver, parfois justicier malgré lui et souvent un simple majordome, il change de nom en passant d’un Beagle à Pennyworth, meurt puis est ressuscité sous l’identité de l’Outsider qui devient brièvement un ennemi de Batman. Moult aventures pendant des années qui font qu’encore aujourd’hui, la première version d’Alfred est parfois ramenée pour le temps de quelques comics.

On lui octroie aussi un passé militaire, qui est plus ou moins rappelé dans les comics une ou deux fois par décennie (Legends of the Dark Knight en 1992, Batman en 2009). Lors de son enlèvement par un gang de Gotham, Alfred est d’abord vu comme la victime et secouru par Batman. À la surprise du lecteur, une fois libéré, Alfred se révèle parfaitement capable de se battre contre le gang pour assurer sa fuite et celle de Batman. Alfred démontre aussi sa capacité à manier les armes à feu lorsque Bane attaque le manoir Wayne.

Tous les écrivains étant passés par l’univers Batman ont retravaillé le personnage. Dans la fin des années 40, Éric Wilton axe le personnage sur les secrets de son employeur qu’il doit garder à tout prix et ce que cela entraine pour lui. Sa dimension plus humaine n’apparait réellement qu’au début des années 90 grâce à Paul Dini et Bruce Timm qui lui donnent une teinte d’ironie et de cynisme dans la série animée. C’est sur cette base que sera bâti le Alfred des années 90 jusqu’à aujourd’hui, y compris dans la trilogie de Christopher Nolan où Michael Caine interprète à merveille le personnage.

Quelle que soit sa version, Alfred est une aide précieuse pour Bruce/Batman et lui reste toujours loyal. Dans la version à laquelle on pense de nos jours, il agit en tant que mentor pour Bruce depuis son enfance et le décès de ses parents. Une fois petit Bruce devenu grand Batman, Alfred est son garde-fou, le faisant réfléchir à deux fois avant de foncer tête baissée. Quoi qu’il en soit, il est devenu une pièce maitresse de l’univers Batman et a su donner de l’humour et une dimension humaine à un comics qui en avait besoin.

Personne en effet ne se permet de parler à Bruce comme Alfred peut le faire dans le dessin animé par exemple, ou même dans les comics les plus récents. Il utilise sarcasme et cynisme dès que Bruce montre une petite faiblesse et ne se laisse pas marcher dessus si jamais son « jeune maître » prend un peu trop de liberté verbale avec lui ! En plus d’aider à la préparation des missions, Alfred épaule également Batman dans ses enquêtes et est là pour apporter une autre vision sur les indices récoltés et les informations disponibles.

De son côté, Bruce reste réceptif à cette attitude principalement, car Alfred est sa figure paternelle depuis la mort de son véritable père. Alfred est le dernier lien qui le rattache réellement à ses parents. La mort de ces derniers est l’élément perturbateur de l’univers Batman et ce qui enclenche toute la saga. Sans cet assassinat, pas de Batman. Et c’est précisément pour ça qu’Alfred est un personnage capital : il est le seul qui partage cette souffrance à un niveau purement personnel.

Dans le fond, on devine qu’Alfred aime Bruce comme son fils, mais ressent au-delà de ça la force du devoir, d’une promesse imprononcée à ses parents, de toujours veiller sur leur fils. Son conflit intérieur résulte pourtant de ce qu’il tente de préserver : la double vie de Bruce. Alfred est conscient de la nécessité du Batman. Il sait que Gotham a besoin de lui. Mais il craint de perdre Bruce dans le processus. À chaque fois que le Bat-signal illumine le ciel nocturne, Alfred a peur de perdre son centre de gravité.

Alfred le majordome qui panse les blessures physiques et mentales de Bruce/Batman a donc connu plusieurs versions au cours des décennies. Il est le plus fidèle soutien du gardien de Gotham et, grâce à lui, on peut prendre du recul et observer la dualité entre l’homme et le héros chez Batman. Alfred est maintenant indissociable de l’univers du chevalier noir. Quelle version d’Alfred préférez-vous, celle des anciens comics, du dessin animé ou des films ?

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