L’étude de plusieurs couples d’albatros a montré que les individus plus jeunes avaient tendance à écourter leurs périodes de recherche de nourriture durant l’incubation des œufs, afin d’économiser les forces de leur partenaire.
Préserver la santé des partenaires plus âgés
Oiseaux marins possédant une envergure de trois mètres en moyenne, les albatros hurleurs peuvent vivre jusqu’à 50 ans. Se liant généralement à un partenaire pour la vie, ceux-ci se reproduisent en moyenne tous les deux ans. Suite à la ponte d’un seul œuf par la femelle, les futurs parents passent les 78 jours suivants à se relayer pour le couver et s’approvisionner en nourriture, au cours de voyages en mer durant en moyenne une douzaine de jours.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Ecology and Evolution, des chercheurs de l’université de Liverpool ont découvert que les albatros hurleurs dont le partenaire était plus âgé, et donc moins à même de supporter la pression d’un jeûne prolongé, avaient tendance à passer moins de temps en mer. Ce qui suggère que ces oiseaux sont capables d’évaluer le temps que leur compagnon/compagne peut passer sans nourriture.
« Ce comportement profite en fin de compte aux deux parents », souligne Finn McCully, co-auteur de l’étude. « Une pression excessive et prolongée pouvant entrainer la perte du poussin, ce qui s’avèrerait désastreux pour le couple, si vous êtes un albatros et que votre partenaire est un peu plus âgé et moins apte à se remettre d’une longue période de jeûne, vous avez tout intérêt à prendre des mesures supplémentaires pour l’aider à se préserver. »
Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour le confirmer, selon l’équipe, il est probable qu’une telle familiarité se développe au fil des années, à mesure que les deux partenaires apprennent à connaître leurs limites.
Un nouvel exemple de la complexité des comportements animaux
Alors que des recherches antérieures avaient suggéré que les albatros hurleurs adaptaient leur propre comportement de recherche de nourriture à mesure qu’ils vieillissaient, cette étude est la première à montrer que l’âge de leur partenaire peut également jouer un rôle majeur dans ces changements.
« Nous pensions que les oiseaux se souciaient davantage de leur propre condition que de celle de leur partenaire lorsqu’ils prenaient ce type de décisions », explique McCully. « Ces résultats inattendus illustrent la complexité des comportements animaux. »