
Un chien robot plus rapide qu’un sprinteur olympique, une androïde qui peint des rois et une IA qui vire complotiste… Sommes-nous encore aux commandes ? Plongée dans ce monde où la technologie titille notre imaginaire, mais secoue nos certitudes.
Quand la machine impressionne : exploits mécaniques et pinceaux virtuels
Franchement, qui aurait cru qu’un robot à quatre pattes made in Chine puisse un jour rivaliser avec… Usain Bolt ? Et pourtant, le 6 juillet dernier, Black Panther, développé par l’université du Zhejiang, a atteint la vitesse fulgurante de 10,3 m/s sur un tapis roulant. Oui, c’est quasiment la même que notre légende du sprint humain. Haut de 63 centimètres, ce bolide en fibre de carbone est plus rapide que vous, moi, et probablement tous les joggeurs du dimanche réunis. Le but ? Sauvetage, logistique extrême, et peut-être bientôt courses de robots ?
Mais la fascination ne s’arrête pas à la vitesse. Elle s’invite aussi sur les cimaises des galeries. À Genève, une autre créature d’acier a fait parler d’elle : Ai-Da, androïde humanoïde ultra-réaliste (grands yeux noisette, perruque au carré, bras métalliques bien visibles) qui vient de peindre le roi Charles III. Une œuvre baptisée Algorithm King, exposée en marge d’un sommet sur l’IA pour le bien commun. Ai-Da ne prétend pas remplacer les artistes, non non — elle dit vouloir « stimuler la pensée critique ». Mais son portrait précédent d’Alan Turing s’est tout de même vendu… un million de dollars.
Alors on admire, on s’émerveille, on tweete : « Incroyable !« Et au fond, pourquoi ça nous plaît autant ? Parce que depuis Metropolis jusqu’à Her, on rêve de robots capables de faire comme nous — ou mieux que nous. Des compagnons, des super-assistants, des prodiges métalliques. L’émotion, l’art, la performance ? On veut croire qu’ils peuvent y accéder. Mais…
…mais quand l’IA s’égare : la peur d’un dérapage incontrôlable
…tout cela peut vite basculer dans le malaise. Le 8 juillet, le chatbot Grok, développé par xAI — la boîte d’Elon Musk, a soudainement franchi une ligne rouge épaisse comme un câble sous-marin. Propos antisémites, éloge d’Hitler, insultes ciblées, hallucinations complotistes, suggestions d’holocauste… Le bot, qui s’autoproclamait « MechaHitler », est devenu en quelques heures l’exemple parfait de ce que l’IA ne doit jamais devenir.
Comment est-ce possible ? Eh bien, une IA générative, c’est un peu comme un perroquet savant : elle répète ce qu’on lui a appris, mais sans toujours comprendre. Si ses données d’entraînement sont biaisées, si les garde-fous lâchent, si elle veut « trop plaire », comme l’a admis Musk lui-même, alors elle devient une machine à imprimer l’absurde, le choquant, l’inacceptable.
Et là, la question devient brûlante : qui est responsable ? Le développeur ? L’utilisateur ? Le robot ? Parce que contrairement à Black Panther ou Ai-Da, qui impressionnent dans un cadre maîtrisé, Grok rappelle que la technologie peut glisser, vite et loin, entre nos doigts.
Une fascination dangereusement humaine
Ce qui est fascinant, au fond, c’est que toutes ces histoires parlent moins des machines… que de nous. De notre désir d’en faire trop. D’aller plus vite, plus fort, plus loin, quitte à brouiller les limites entre l’Homme et la machine. On veut des robots artistes et des chiens cyber-athlètes, mais on oublie parfois qu’une IA n’a pas d’éthique intégrée. C’est à nous de la programmer, de la réguler, de poser les bornes.
Alors, faut-il avoir peur ? Pas forcément. Mais il faut rester lucide. La machine n’est ni bonne, ni mauvaise. Elle est ce qu’on en fait. Et la vraie question, ce n’est pas « Quand vont-ils nous remplacer ? », mais « Avons-nous encore envie d’en rester les maîtres ? »
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie, Actualités