Vous pensez que vos gènes sont gravés dans le marbre ? Détrompez-vous ! Votre environnement et vos choix de vie peuvent les modifier sans que vous le sachiez. C’est ce qu’on appelle l’épigénétique, une science qui révolutionne notre compréhension du destin génétique. Découvrez comment l’épigénétique agit sur votre ADN, comment elle influence votre développement et votre santé, et pourquoi elle n’est pas la seule à déterminer votre avenir.
Qu’est-ce que l’épigénétique ?
Nous avons tendance à penser que nos gènes, hérités de nos parents, déterminent notre apparence, notre personnalité et notre santé. Mais saviez-vous que l’expression de nos gènes peut être modifiée par des facteurs externes, sans changer la séquence de l’ADN ? C’est ce qu’on appelle l’épigénétique, un domaine de recherche qui révèle comment notre environnement et nos comportements influencent notre destin génétique.
Comment l’épigénétique agit-elle sur l’ADN ?
L’ADN est constitué de quatre bases : l’adénine, la cytosine, la guanine et la thymine (A, C, G et T), qui forment le “code” génétique. L’épigénétique peut modifier ce code de deux façons principales :
- La méthylation : il s’agit de l’ajout d’un groupe chimique appelé groupe méthyle à l’ADN. Ce groupe peut empêcher les protéines de lire l’ADN et donc d’activer ou de désactiver les gènes.
- La modification des histones : il s’agit des protéines qui aident à enrouler l’ADN autour des chromosomes. L’épigénétique peut modifier la façon dont l’ADN interagit avec les histones et rendre l’ADN plus ou moins accessible aux protéines lectrices.
Ces modifications épigénétiques peuvent affecter le phénotype, c’est-à-dire les caractéristiques observables d’un organisme, sans changer le génotype, soit la séquence de l’ADN. Elles peuvent aussi être réversibles.
Quel est le rôle de l’épigénétique dans le développement et la santé ?
L’épigénétique joue un rôle crucial dans le développement embryonnaire, car elle permet la différenciation des cellules et des tissus à partir d’un seul œuf fécondé. Elle est également impliquée dans la régulation de nombreux processus biologiques, tels que le cycle cellulaire, la réponse au stress ou la mémoire.
L’épigénétique peut aussi être à l’origine de certaines maladies, comme le cancer, le diabète ou les maladies cardiaques. Ces maladies sont liées à des facteurs environnementaux ou comportementaux, tels que la nutrition, l’exercice physique ou le tabagisme, qui peuvent induire des modifications épigénétiques. Ces modifications peuvent parfois être transmises aux générations suivantes.
L’épigénétique n’affecte pas seulement les humains, mais aussi les animaux et les plantes. Par exemple, elle peut influencer le sexe des tortues en fonction de la température ou la durée de la floraison chez certaines espèces végétales.
L’exposome : plus important que l’épigénétique ?
Si l’épigénétique peut modifier notre expression génétique, elle ne détermine pas pour autant notre destin. Selon David Scott Wishart, professeur émérite à l’université de l’Alberta, “le code génétique est plus important pour déterminer votre destin que l’épigénétique”.
Mais ce qui compte le plus pour notre santé et notre longévité, c’est notre exposome. Il s’agit de la mesure de toutes les choses auxquelles nous sommes exposés au cours de notre vie et de leur impact sur notre organisme. Il s’agit par exemple des bactéries, des virus, des polluants ou des médicaments. Ces éléments agissent directement sur nos protéines, nos cellules ou nos organes, sans passer par l’ADN.
D’après Wishart, seuls 5 % des maladies ou des décès sont dus à notre ADN. Les 95 % restants sont dus à notre exposome. Ainsi, pour préserver notre santé et celle de nos descendants, il est essentiel d’avoir une bonne hygiène de vie et un environnement sain.
L’épigénétique nous invite donc à prendre conscience de l’importance de notre environnement sur notre santé et notre avenir. Elle nous montre aussi que nous ne sommes pas prisonniers de notre code génétique, mais que nous pouvons agir sur lui par nos choix et nos actions.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: IFL Science