Alors qu’on la pensait auparavant géologiquement inactive, une équipe internationale de chercheurs a découvert des preuves d’une activité volcanique récente à la surface de Vénus.
Plus d’une trentaine de structures volcaniques potentiellement actives sur Vénus
« C’est la première fois que nous sommes en mesure de montrer que certaines structures spécifiques de Vénus ne sont pas d’anciens volcans mais des volcans aujourd’hui actifs, peut-être en sommeil, mais pas éteints », estime Laurent Montési, professeur de géologie à l’université du Maryland et co-auteur de l’étude, récemment publiée dans la revue Nature Geoscience. « Ces travaux changent de manière significative la vision que nous avons de Vénus, qui passe d’une planète essentiellement inactive à une planète dont les entrailles peuvent alimenter de nombreux volcans actifs. »
Les scientifiques savent depuis un certain temps que Vénus dispose d’une surface moins ancienne que des planètes comme Mars ou Mercure, pourvues d’un intérieur froid. Dans le cas d’une planète géologiquement active et dotée d’un intérieur bouillonnant, des panaches de matière chaude s’élèvent à travers son manteau et sa croûte et forment des structures annulaires, appelées « coronae », à sa surface. Sur Terre, un phénomène semblable a notamment entraîné la formation des îles volcaniques hawaïennes.
Mais jusqu’à présent, on pensait que les coronae de Vénus étaient probablement les signes d’une activité ancienne, et que cette dernière s’était assez refroidie pour que son activité géologique interne soit ralentie et que sa croûte durcisse suffisamment pour que tout matériau chaud émanant des entrailles de la planète ne puisse la traverser. Sachant que les processus exacts par lesquels les panaches du manteau avaient formé des coronae sur Vénus et les raisons des variations entre les coronae sont encore aujourd’hui largement débattues.
Une nouvelle façon d’appréhender la géologie de la planète
Dans le cadre de ces nouvelles recherches, les chercheurs ont utilisé des modèles numériques de l’activité thermo-mécanique sous la surface de Vénus afin de créer des simulations 3D à haute résolution de la formation des coronae. Ce qui leur a offert une vue du processus plus détaillée que jamais.
Les résultats obtenus ont aidé Montési et ses collègues à identifier des caractéristiques propres aux coronae récemment actives. Les chercheurs ont ensuite pu faire correspondre ces caractéristiques à celles observées à la surface de Vénus, révélant qu’une partie des variations observées entre les coronae représentait en réalité différents stades de développement géologique. L’étude fournit ainsi les premières preuves que ces structures continuent à évoluer, ce qui indique que l’intérieur de la planète bouillonne toujours.
« Le degré de réalisme amélioré de ces modèles par rapport aux études précédentes permet d’identifier plusieurs stades d’évolution des coronae et de définir des caractéristiques géologiques uniquement propres à celles étant actuellement actives », souligne Montési. « Nous sommes aujourd’hui en mesure d’affirmer qu’au moins 37 de ces structures ont été actives très récemment. »
Les coronae actives sur Vénus ont la particularité d’être regroupées en une poignée d’endroits, susceptibles de représenter les zones où la planète est la plus active et de fournir des indices sur son fonctionnement géologique interne. Par conséquent, ces nouvelles découvertes pourraient aider à identifier les zones cibles où des instruments géologiques devraient être déployés lors de futures missions sur Vénus, notamment celle impliquant le satellite européen EnVision, dont le lancement est prévu pour 2032.
Par Yann Contegat, le
Source: Phys.org
Étiquettes: volcan, geologie, venus, activité géologique, activité volcanique, coronaes
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