Des travaux italiens ont étudié l’impact de l’acidification des océans sur les comportements reproducteurs d’une espèce de poisson, Symphodus ocellatus, et ont mis en évidence des résultats surprenants.
D’ores et déjà, de précédentes recherches ont montré que les poissons présentent des capacités sensorielles diminuées lorsque le niveau d’acidification des océans est élevé. Mais cette nouvelle étude italienne réalisée avec des caméras situées sur les sites de nidification et en réalisant des tests de paternité en laboratoire est la première à fournir des preuves des effets de l’acidification sur le comportement reproducteur des poissons en milieu naturel.
Concrètement, des recherches ont été menées à proximité de cheminées volcaniques au large de la côte sud de l’Italie. Elles ont montré des différences marquées dans la reproduction des espèces de Crénilabres ocellés, ou Symphodus ocellatus. Il s’agit d’une espèce de labre répandue dans la zone subtidale (en dessous du palier où les marées créent des variations de l’eau) rocheuse de la mer Méditerranée et dont la saison de reproduction annuelle dure de fin avril à juillet.
L’espèce comprend trois types de mâles : les dominants – qui construisent les nids, courtisent les femelles et s’occupent de la défense -, les satellites – qui coopèrent avec les dominants et les aident dans la cour -, et les sneakers – qui rodent autour des nids et tentent de rejoindre les femelles au moment de la ponte pour fertiliser les oeufs.
Les images capturées pour les besoins de l’étude ont montré que la proportion de frai du mâle dominant était réduite de presque deux tiers dans les zones à forte concentration en CO2 par rapport à celles dont la concentration en dioxyde de carbone était normale, et que le temps dédié à courtiser les femelles était aussi réduit. Cependant, les tests génétiques ont montré que la filiation des mâles dominants passait de 38 % dans les zones normales à 58 % dans les zones à forte concentration en CO2.
En clair, les mâles dominants ont frayé moins régulièrement dans les zones où le CO2 était plus concentré, mais ils ont aussi bénéficié d’un taux de reproduction plus élevé dans leur fécondation des oeufs des femelles.
Le professeur Jason Hall-Spencer, de l’université de Plymouth, affirme que son équipe « avait prédit que les mâles dominants seraient diminués à cause de la concurrence accrue, mais les tests de paternité ont montré que ce n’était pas le cas. En réalité, ils fécondaient davantage les oeufs que les autres types de mâles et ce sont les sneakers qui se sont avérés être les perdants. Même si ceux-ci produisent plus de sperme et répandent leur semence plus souvent sur les oeufs, ils ne fécondent finalement pas plus d’oeufs. »
Selon le professeur Marco Milazzo, de l’université de Palerme, « compte tenu de l’importance du poisson sur le plan de la sécurité alimentaire et de la stabilité des écosystèmes, ces résultats mettent en évidence la nécessité de poursuivre la recherche ciblée sur les effets de l’élévation du niveau de CO2 sur leur reproduction ».
Ces recherches montrent comment certaines espèces s’adaptent à l’évolution de leur environnement plutôt que de la subir et cela prouve à quel point les ressources de mère Nature sont multiples et riches. Si la faune vous intéresse, découvrez comment la population mondiale de tigres a augmenté pour la première fois depuis un siècle.
Par Maxime Magnier, le
Source: Phys
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