De récents travaux ont révélé que la Terre avait perdu 28 000 milliards de tonnes de glace depuis 1994 — murattellioglu / Shutterstock.com

Frappé de plein fouet par le réchauffement climatique, l’Arctique a débuté sa transition vers un état climatique entièrement nouveau, caractérisé par moins de glace, davantage de précipitations et un air plus chaud.

« Le taux de changement est remarquable »

Bien que l’Arctique soit caractérisé par un climat glacial depuis des milliers d’années, ce dernier peut être amené à fluctuer naturellement. Mais comme le montrent ces travaux alarmants publiés récemment dans la revue Nature Climate Change, sous l’effet du réchauffement climatique, ces variations s’éloignent de la fourchette prévue, ce qui se traduit par l’entrée de cette région du globe dans un « nouvel état climatique ».

« Le taux de changement est remarquable », déclare Laura Landrum, chercheuse au Centre national pour la recherche atmosphérique (NCAR) et auteure principale de l’étude. « Nous connaissons une période de changement si rapide que l’utilisation d’anciens modèles météorologiques ne nous renseigne plus sur les changements auxquels nous pouvons nous attendre l’année prochaine. L’Arctique est déjà entré dans un climat complètement différent de celui observé il y a quelques décennies. »

La glace de mer ayant atteint des niveaux historiquement bas et les températures des sommets record ces dernières années, l’équipe a voulu savoir si le climat actuel de l’Arctique se révélait fondamentalement différent. Pour ce faire, les chercheurs se sont appuyés sur de grandes quantités de données d’observation des conditions climatiques de la région, afin de définir statistiquement les limites du « vieil Arctique », et ont également effectué des projections réalistes par l’intermédiaire de centaines de simulations informatiques.

https://twitter.com/CopernicusEU/status/1305445152073416709
Comparaison satellite montrant le détachement d’un iceberg de 113 kilomètres carrés du glacier 79N (Groenland)

Une saison des pluies rallongée, moins de glace de mer et des températures plus élevées

Les principaux facteurs pris en compte se résument à l’étendue de la glace de mer à la fin de l’été (lorsqu’elle atteint son plus bas niveau annuel), la température de l’air en automne et en hiver, ainsi que le moment où les précipitations passent de la neige à la pluie. L’équipe a appliqué différentes techniques statistiques afin de déterminer le seuil à partir duquel leurs variations dépasseraient les fluctuations considérées comme naturelles. Fondamentalement, si la moyenne décennale d’une valeur donnée s’écarte de plus de deux écarts-types de sa moyenne des années 1950, il s’agit d’un nouveau climat.

L’équipe a ainsi constaté qu’en matière d’étendue de la glace de mer, un nouvel état climatique avait cours depuis le début du 21e siècle. Avec un niveau moyen aujourd’hui inférieur de 31 % à celui de la décennie 1979-1988 pour le mois de septembre. Si les émissions de gaz à effet de serre restent élevées, les chercheurs estiment que d’ici 2100, l’Arctique pourrait connaître entre trois et dix mois par an sans presque aucune glace de mer.

Leurs modèles suggèrent que les températures de l’air au-dessus de l’océan entreront dans un nouvel état climatique d’ici 2050, suivies par celles des terres durant de la seconde moitié du siècle. En ce qui concerne les changements des régimes de précipitations, les simulations ont montré que la saison des pluies devrait être rallongée de 20 à 60 jours d’ici 2050, et de 60 à 90 jours à l’horizon 2100.

« L’Arctique est susceptible de connaître des extrêmes de glace de mer, de température et de précipitations qui sont loin de tout ce que nous avons connu auparavant », soulignent les auteurs de l’étude. « Nous devons changer notre définition de ce qu’est le climat arctique. »

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1 Commentaire
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de simple bon sens !
de simple bon sens !
3 années

Article bien rédigé …. le climat a toujours connu des oscillations chaud-froid, humide-sec ! Mais alors… où est le problème ? Pendant des millénaires des quantités importantes de co2 ont été capturées et stockées sous forme de charbon, pétrole, gaz …. dans le sous sol terrestre ! Il est évident… Lire la suite »