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Lucy détrônée ? Ce que révèle un pied fossilisé sur l’incroyable diversité des premiers humains bouleverse la science

Il mesure à peine une trentaine de centimètres, mais ce pied fossilisé vieux de 3,4 millions d’années remet en cause l’histoire telle qu’on la racontait. Découvert en Éthiopie, il prouve que Lucy n’était pas la seule espèce humaine à arpenter le sol du Pliocène.

Pied fossile avec une grande griffe découvert lors d’une fouille paléontologique dans le sable.
Lors d’une fouille paléontologique, un pied fossile muni d’une impressionnante griffe apparaît, offrant de nouveaux indices sur une mystérieuse espèce préhistorique. – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Ce que le pied de Burtele révèle sur la diversité anatomique des premiers homininés

Le pied fossilisé découvert à Burtele ne ressemble à aucun autre de la même époque. Avec un gros orteil écarté et courbé, des phalanges longues et une voûte plantaire absente, il évoque davantage les capacités arboricoles que la marche terrestre exclusive.

Ces traits anatomiques signalent une capacité d’adaptation étonnante : ce pied permettait de marcher sur deux jambes tout en restant apte à grimper aux arbres. Une telle morphologie hybride ne colle pas avec les schémas classiques de la bipédie linéaire. Elle souligne au contraire une diversité locomotrice méconnue.

Ce fossile suggère donc que, bien avant que l’humain moderne ne foule la savane, ses lointains ancêtres testaient déjà différentes manières de se déplacer. Le pied de Burtele n’est pas une anomalie : c’est un témoignage d’expérimentation évolutive.

Une cohabitation inattendue : quand plusieurs espèces humaines partageaient le même territoire

La datation du pied de Burtele, à 3,4 millions d’années, coïncide avec celle de Lucy. Pourtant, leur morphologie diffère. Cela signifie que deux espèces hominines aux anatomies et comportements distincts ont coexisté dans la même région au même moment.

Cette découverte ébranle l’idée longtemps admise d’un arbre évolutif simple et ramifié tardivement. Elle évoque plutôt une forêt dense de branches entremêlées, où plusieurs espèces vivaient, marchaient, grimpaient, peut-être même interagissaient… sans suivre le même chemin évolutif.

Des stratégies évolutives divergentes pour se déplacer dans un monde changeant

Ce pied particulier appartenait probablement à Australopithecus deyiremeda, une espèce identifiée grâce à des mâchoires et des dents retrouvées à proximité. Contrairement à A. afarensis, cette espèce aurait conservé une locomotion mixte, parfaitement adaptée à un environnement mi-boisé, mi-ouvert.

Dans ce contexte écologique instable, garder la capacité de grimper était une stratégie évolutive payante. Tandis que Lucy, avec sa voûte plantaire rigide, privilégiait la marche sur sol ferme, d’autres comme deyiremeda misaient sur la polyvalence.

Ce constat révèle que la bipédie humaine n’a pas émergé d’un seul coup, mais résulte d’un enchaînement d’essais adaptatifs. Dans un monde mouvant, où l’environnement variait sans cesse, seuls survivaient ceux capables d’ajuster leur locomotion, mêlant appuis solides au sol et agilité pour grimper efficacement.

Cette découverte rebat les cartes de notre récit sur l’origine de la bipédie

Le pied de Burtele rappelle que l’évolution humaine est tout sauf une ligne droite. Elle est tissée de bifurcations, de solutions multiples, parfois simultanées, face à des défis similaires. Lucy n’était pas la seule héroïne de cette histoire.

En révélant une pluralité de formes corporelles et de comportements, cette découverte pousse les scientifiques à reconsidérer ce qu’ils pensaient acquis sur nos origines. Et elle nous invite, nous autres bipèdes modernes, à repenser nos certitudes en regardant un peu plus souvent sous nos pieds.

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