Et si notre cerveau pouvait rester jeune bien plus longtemps qu’on ne le pense ? Le neurologue Majid Fotuhi, formé à Harvard, applique à lui-même des méthodes issues de la recherche pour ralentir le vieillissement cérébral. Et ses résultats interpellent.

Bouger chaque jour pour doper la neurogenèse et retarder le vieillissement cérébral
Chaque matin, il active son corps dès le réveil. Ce n’est pas par simple goût du sport, mais parce que le docteur Fotuhi considère l’activité physique comme une thérapie cérébrale. Il alterne entre vélo stationnaire et musculation légère, parcourant parfois jusqu’à 80 km par semaine. Ce n’est pas une coquetterie : le sport oxygène le cerveau et stimule la neurogenèse, cette capacité à créer de nouveaux neurones.
Il applique avec rigueur une règle simple : pas de cerveau vif sans un cœur qui bat fort. En clair, l’endurance cardiaque favorise directement la clarté mentale. De plus, cela ne s’arrête pas à la salle de sport. Dans la journée, il évite l’ascenseur et les escalators, préférant systématiquement les escaliers. Ainsi, chaque effort physique devient un micro-investissement dans sa santé cognitive.
Miser sur les oméga-3, bannir les sucres : l’alimentation comme stratégie cognitive
Dans son frigo, tout est pensé. Poissons gras, légumes colorés, fruits frais, huiles végétales : tous les piliers du régime méditerranéen y figurent. Ce n’est pas une tendance, mais bien une stratégie mûrement réfléchie. Les oméga-3, en particulier le DHA, jouent un rôle démontré dans la préservation des membranes neuronales et la circulation des neurotransmetteurs.
À l’inverse, il exclut délibérément les produits ultra-transformés et les sucres raffinés. Pas une goutte de soda, aucun biscuit industriel : il les considère comme des saboteurs silencieux du cerveau. D’ailleurs, de nombreuses études confirment que ces aliments favorisent l’inflammation chronique, une ennemie bien connue du cerveau vieillissant.
Diversifier les stimulations mentales pour renforcer la plasticité du cerveau à tout âge
Cependant, bien manger et bouger ne suffisent pas : le cerveau a aussi besoin d’entraînement. C’est pourquoi le docteur Fotuhi redouble de créativité. Sudoku, jeux de cartes avec ses filles, lecture scientifique, danse de salon… Chaque activité stimule des zones cérébrales différentes. Même les trajets deviennent des exercices cognitifs : il évite le GPS, calcule mentalement ses itinéraires et fait ses opérations sans calculette.
Ce comportement n’a rien d’une excentricité. En effet, des études montrent que la diversité des stimulations mentales s’avère plus efficace à long terme que les jeux répétitifs. De plus, le cerveau apprécie l’imprévu, la nouveauté, l’effort intellectuel. Ce cocktail maintient sa plasticité bien au-delà de la cinquantaine.
Quand la recherche scientifique valide les effets d’une routine quotidienne bien pensée
Ce mode de vie ne repose pas que sur une intuition personnelle. En réalité, il s’appuie également sur une solide base scientifique. En 2022, une méta-analyse parue dans Cureus a regroupé neuf essais cliniques sur les oméga-3. Résultat : amélioration nette de la mémoire et des fonctions cognitives, notamment chez les personnes âgées ou isolées.
Majid Fotuhi, qui a publié dans Nature Clinical Practice Neurology, insiste : les oméga-3 ralentissent le déclin cognitif lié à l’âge, même s’ils n’agissent pas sur les formes graves de démence. Autrement dit, le message est limpide : un cerveau bien nourri et stimulé se défend mieux.
Le docteur Fotuhi ne subit pas le temps : il l’observe, l’interroge et le met à profit à travers sa propre routine. Sa méthode semble ordinaire, mais sa constance fait toute la différence. Et si, finalement, c’était ça le vrai secret d’un cerveau jeune ?
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Science & Vie
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