Dix ans après l’Accord de Paris, une carte révèle les pays sur la bonne trajectoire climatique… et ceux qui s’en éloignent dangereusement. Une photographie planétaire choc, alors que la COP30 s’ouvre à Belém au Brésil.

Une carte climatique inédite pour visualiser les bons et mauvais élèves de la lutte contre le réchauffement
Signé en 2015, l’Accord de Paris engageait les pays du monde entier à limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C par rapport à l’ére préindustrielle. Mais en 2025, le constat est sévère : presque aucun des 10 plus gros émetteurs mondiaux n’est sur la bonne trajectoire.
La société française Iceberg Data Lab a réalisé une carte saisissante : elle montre, pays par pays, la température qu’ils atteindraient d’ici 2100 si chacun poursuivait sa trajectoire actuelle d’émissions. En vert, ceux alignés avec l’objectif des +1,5 °C. En rouge, ceux qui s’envolent vers +5 ou +6 °C.
Pierre-Olivier Haye, cofondateur d’Iceberg Data Lab, précise que ces différences s’expliquent par l’adéquation (ou non) entre les politiques climatiques nationales et les objectifs de l’Accord de Paris.
Pourquoi les pays les plus sobres en carbone apparaissent en vert sur la carte
La surprise vient de l’Afrique et d’une partie de l’Asie, où de nombreux pays apparaissent en vert. Cela ne signifie pas qu’ils sont des champions de la transition écologique, mais que leurs émissions par habitant sont très faibles.
C’est le cas du Libéria, de la Somalie, du Yémen ou encore de l’Inde. Ce dernier, troisième plus gros émetteur mondial en valeur absolue, maintient une trajectoire compatible avec un réchauffement <1,5 °C, grâce à une population très nombreuse, une forte part d’énergies renouvelables, et un développement encore en transition.
Cependant, certains pays apparaissent en vert faute de données complètes. L’analyse appelle donc à la prudence pour une partie de l’Asie centrale ou du Sud-Est.
Les pays producteurs de pétrole et la Russie en route vers +6 °C : l’alerte rouge climatique
En queue de peloton, on retrouve sans surprise les producteurs de pétrole et de gaz. Qatar, Koweït, Bahreïn, Arabie Saoudite et Russie se dirigent vers un monde à +6 °C. En cause : une économie très carbonée, peu de diversification, et des politiques climatiques minimalistes.
Ces pays misent sur l’efficacité énergétique plutôt qu’une vraie sortie des énergies fossiles. Résultat : leur impact climatique continue de croître, alors même que leurs ressources sont au cœur de la crise.
L’Union européenne mieux classée mais pas exemplaire : la réalité des émissions externalisées
Sur la carte, l’Union Européenne semble plutôt bien classée, avec des trajectoires oscillant entre +2 et +4 °C. Cela reflète une transition vers les services, une efficacité énergétique accrue, et un soutien aux renouvelables.
Mais Pierre-Olivier Haye nuance : une grande partie de l’empreinte carbone européenne est externalisée. Autrement dit, les émissions sont délocalisées dans les pays producteurs de biens consommés en Europe. Le score européen reste donc trompeur si l’on intègre les émissions « cachées ».
Une alerte visuelle puissante à l’heure des grandes décisions climatiques
Cette carte, publiée à l’ouverture de la COP30 à Belém, devrait être affichée dans toutes les salles de négociation. Elle rappelle que les efforts climatiques sont très inégalement répartis, que les plus gros pollueurs ne sont pas toujours ceux qu’on croit, et que la transition globale est loin d’être gagnée.
Un outil pédagogique puissant, qui nous pousse à sortir des lectures simplistes pour appréhender le réchauffement climatique à l’échelle de chaque territoire.
Par Eric Rafidiarimanana, le