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Pour la première fois, les énergies renouvelables produisent plus d’électricité que le charbon dans le monde

C’est le genre de chiffre qu’on relit deux fois pour être sûr de ne pas rêver : en 2025, les énergies renouvelables ont pour la première fois dépassé le charbon en production d’électricité à l’échelle mondiale. Ce n’est pas un vœu pieux ou une prédiction optimiste, mais un constat fondé sur les rapports du think tank Ember et de l’Agence internationale de l’énergie. Ce changement de cap majeur, souvent annoncé, rarement atteint, est enfin là. Mais attention, cette victoire symbolique cache de profondes inégalités et de nombreux défis.

Des chercheurs en combinaison observent un réacteur solaire expérimental équipé de panneaux photovoltaïques, dans l’enceinte d’un centre de recherche moderne
L’Université d’Adélaïde teste un nouveau réacteur solaire conçu pour produire de l’énergie propre à haute température

Une demande en hausse, mais des renouvelables qui suivent le rythme

Le plus impressionnant ? Ce basculement ne s’est pas produit dans un contexte de baisse de la consommation. Au contraire, la demande mondiale d’électricité a encore augmenté en 2025, notamment sous l’effet de l’électrification du transport et de l’industrie. Pourtant, le solaire et l’éolien ont absorbé l’essentiel de cette croissance. Le solaire, en particulier, a bondi de 33 % en un an, couvrant à lui seul 83 % de la hausse globale.

C’est une première : les renouvelables ne sont plus de simples compléments, elles tiennent le rôle principal. La baisse des coûts du solaire y est pour beaucoup : -99,9 % depuis 1975 ! Aujourd’hui, le solaire est l’énergie la plus déployée au monde pour la troisième année consécutive. Et surtout, il est adopté massivement par les pays du Sud.

Une transition portée par l’Asie et les pays émergents

On aurait pu croire que cette dynamique serait tirée par les grandes puissances occidentales. Raté. Ce sont la Chine, l’Inde et plusieurs pays africains et asiatiques qui mènent la danse. La Chine, à elle seule, a installé plus de capacités renouvelables que le reste du monde réuni sur le premier semestre 2025 ! L’Inde, de son côté, a réduit sa production fossile grâce à un ralentissement de la demande et à une forte expansion du solaire.

Et le Nigeria ou le Pakistan ne sont pas en reste. Le Pakistan a généré 17 GW d’énergie solaire, soit un tiers de sa capacité électrique nationale, grâce à l’importation massive de panneaux. Dans ces pays, le solaire est une réponse à la fois écologique et économique, surtout là où le réseau est peu fiable ou coûteux.

L’Occident fait du surplace, voire recule

Pendant ce temps, les États-Unis et l’Union européenne connaissent des revers. Aux USA, la politique climatique a changé de cap, avec une hausse de 17 % du charbon en raison d’une demande qui grimpe plus vite que les capacités renouvelables. Les aides aux énergies propres ont été revues à la baisse, et les investissements ont chuté.

En Europe, le problème est météo-dépendant. Une mauvaise année pour l’hydroélectrique et l’éolien a entraîné un rebond du gaz (+14 %) et du charbon (+1,1 %). Le tout faute de moyens de stockage suffisants. Cela rappelle une chose : sans politique volontariste et sans solutions techniques robustes, même les bonnes intentions ne suffisent pas.

Une transition prometteuse, mais encore fragile

Alors, est-ce qu’on peut crier victoire ? Pas si vite. La croissance des renouvelables est réelle, mais elle expose aussi des fragilités. L’inégalité géographique des ressources, par exemple : les pays ensoleillés ont un net avantage. Ou encore, les dérives locales, comme en Afghanistan, où les pompes à eau solaires assèchent les nappes phréatiques.

L’éolien, de son côté, est plus cher à installer, et les coûts ont moins baissé. Mais surtout, le stockage de l’énergie reste un talon d’Achille. Tant que nous ne saurons pas stocker l’électricité sur de longues durées, les centrales fossiles resteront en embuscade pour combler les périodes creuses.

Ce que nous vivons  aujourd’hui est un vrai tournant. Mais pas la ligne d’arrivée. La transition énergétique est en marche, chaotique, contrastée, mais bien réelle. Et cette première victoire sur le charbon, aussi imparfaite soit-elle, peut servir d’élan pour réinventer durablement notre rapport à l’énergie.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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