Aller au contenu principal

L’Arabie saoudite abolit la flagellation ainsi que la peine de mort pour les mineurs

La flagellation était jusque-là applicable en cas de troubles à « l’ordre public » ou pour des relations extra-conjugales

— Hany Musallam / Shutterstock.com

L’Arabie saoudite a annoncé ce week-end plusieurs avancées « majeures » : elle a aboli la flagellation ainsi que la peine de mort pour les mineurs. Des réformes considérables dans ce royaume ultra-conservateur, mais qui ne doivent pas faire oublier les multiples atteintes aux droits humains qui y sont toujours perpétrées.

Le prince héritier MBS, une image de réformateur en trompe-l’oeil

Les toutes récentes réformes en Arabie saoudite peuvent réjouir, mais ne doivent pas faire oublier que le royaume est surveillé de près par les ONG de défense des droits humains. Cet automne encore, selon Le Figaro du 23 septembre dernier, face au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, environ 20 États dont 15 européens exprimaient leur inquiétude sur les soupçons de torture, détentions arbitraires et procès inéquitables qui pèsent sur le royaume. Depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammed ben Salmane (MBS), en 2015, le pays se réforme à grands pas, mais les droits humains y restent largement bafoués.

Au mépris des lois du royaume qui voudraient que le prince héritier ne soit pas un fils du souverain, le roi Salmane a nommé son fils MBS héritier du trône. Depuis, le jeune prince s’attelle à se donner l’image d’un réformateur et à moderniser son pays. En 2011, pour éviter la contagion liée aux printemps arabes, MBS a lancé des fonds avec la Fondation MiSK, qui doit permettre aux jeunes diplômés de « développer leur leadership », selon un article de Libération de 2017, afin de pallier le « tufush », le mal-être éprouvé par les moins de 30 ans qui ne savent pas vraiment quoi faire de leur vie, et sont donc des proies faciles pour la radicalisation et la révolte.

La réforme la plus emblématique de MBS depuis son arrivée au pouvoir est le droit accordé aux femmes de conduire, le royaume sunnite étant le dernier pays au monde à le leur interdire. Toutefois, toutes ces réformes, dont celles de ce week-end, à savoir l’abolition de la flagellation et de la peine de mort pour les mineurs, ne peuvent faire oublier les crimes qu’il a perpétrés. Les arrestations massives qu’il a ordonnées, en 2017, de membres de la famille royale qui pouvaient lui nuire, peuvent être assimilées à une purge. La « guerre froide » qu’il mène au Yémen contre l’Iran montre également qu’il est prêt à sacrifier des milliers de vies humaines, et de provoquer la plus grave crise humanitaire mondiale, dans l’unique but de prouver au monde sa supériorité. Enfin, l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi a considérablement terni son image.

L’un des pays les plus conservateurs du monde

L’Arabie saoudite reste l’un des pays les plus conservateurs du monde, et l’un des moins respectueux des droits fondamentaux. Toutefois, il faut se réjouir des avancées de ce week-end, qui restent majeures pour le pays. Samedi, la peine de flagellation a été abolie. Elle était jusque-là applicable en cas de troubles à « l’ordre public », ou pour des relations extra-conjugales par exemple. Le pays n’a pas annoncé de date exacte d’application de cette réforme, mais la Cour suprême a imposé aux tribunaux de ne prononcer « en aucun cas » des peines de flagellation et de privilégier « d’autres peines« .

De la même manière, dimanche, Awad Al-Awad, le chef de la Commission des droits humains, un organisme gouvernemental, a annoncé l’abolition de la peine de mort pour les mineurs. Cette loi a été remplacée par une peine de prison qui n’excédera pas 10 ans dans un centre de détention pour mineurs. Selon un rapport d’Amnesty International publié cette semaine, l’Arabie saoudite a exécuté « le nombre record de 184 personnes en 2019, contre 149 en 2018« .

Des questions se posent sur le sort de Raif Badawi, blogueur dissident condamné à 1 000 coups de fouet en 2012. Il a déjà, en 2015, subi une première séance de 50 coups de fouet, suite à laquelle de nombreux pays ont appelé à la cessation. Le cas de ce blogueur est devenu emblématique de la répression massive du régime saoudien.

L’annonce, par l’Arabie saoudite, de l’abolition de la peine capitale pour les mineurs ainsi que de la flagellation, est une avancée considérable, qui ne doit toutefois pas faire oublier les crimes de masse commis par le régime.

Par Marine Guichard, le

Source: Le Parisien

Étiquettes: , , ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *