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Face à la montée des eaux et la surpopulation, la Thaïlande pourrait déménager sa capitale Bangkok

Tandis qu'en Juin dernier, l'Indonésie annonçait la construction de sa nouvelle capitale en pleine forêt de Bornéo

Une inondation survenue à Bangkok en 2011 — Wutthichai / Shutterstock.com

Bangkok pourrait se trouver dans les prochaines années à un emplacement différent de celui actuel. Le gouvernement thaïlandais envisagerait de déplacer la ville pour ne plus souffrir de problèmes comme la pollution ou la surpopulation.

BANGKOK DÉBORDE, DE L’INTÉRIEUR ET DE L’EXTÉRIEUR

Mercredi 18 septembre, lors d’une conférence sur le développement de l’attractivité de la Thaïlande à l’international, le Premier ministre thaïlandais a évoqué l’idée de faire déménager la capitale thaïlandaise : « Il y a deux possibilités. La première serait de trouver une ville qui n’est ni trop loin ni trop chère. La seconde est de la déménager dans la banlieue de Bangkok pour réduire le surpeuplement », a annoncé Prayut Chan-o-cha, rapporte Ouest-France.

Si des officiels expliquent que la déclaration était juste une idée évoquée, sans que des agences aient encore été consultées pour étudier le projet, ce n’est pas la première fois que l’idée d’un déménagement de la capitale de la Thaïlande est lancée : en 2003, le gouvernement de Thaksin Shinawatra étudiait un déménagement de la capitale dans la province de Nakhon Nayok, à 100 kilomètres de Bangkok. Mais les projets n’ont jamais été concrétisés. 

Déménager permettrait d’abord de décongestionner le centre et alléger les problèmes de circulation (la firme TomTom spécialisée dans les GPS place dans son étude sur la congestion des villes Bangkok au 8e rang des villes les plus embouteillées au monde). Cette surabondance d’activité dans les capitales est la conséquence d’une trop grande centralisation des activités d’un pays : de ce fait, le pays envisage aussi l’alternative de renforcer ses régions. Ces solutions d’urgence interrogent aussi sur les limites du développement des grandes villes mondiales, dont la croissance a pu se faire au détriment du confort et de la santé de leurs habitants. 

De plus, l’urgence de la montée des eaux menace Bangkok. Le Bangkok Post rapporte que « la plus grande partie de la ville se trouve déjà sous le niveau des eaux », et qu’elle perd « un à deux centimètres chaque année ». Les prédictions les plus pessimistes annoncent en effet la montée des eaux de plus de 2,5 mètres pour 2100, menaçant des villes entières ; sur les dix villes les plus menacées par la montée des hauts, sept sont sur le continent asiatique. 

DES DÉMÉNAGEMENTS PLUS OU MOINS HEUREUX POUR ÉVITER LA MONTÉE DES EAUX, LA POLLUTION ET LA CENTRALISATION 

En Indonésie, l’annonce en août dernier du déménagement de la capitale Jakarta vers l’île de Bornéo pour 2024 laisse sceptique. À ce jour, 40 % de la région urbaine de Jakarta, où vivent plus de 30 millions de personnes, se trouve maintenant sous la surface des eaux, protégée seulement par un mur de moins d’un mètre de haut. Cette capitale permettrait de recentrer la capitale économique au centre des 18 000 îles et îlots qui composent le pays, pour une estimation de 33 milliards de dollars. Mais la principale crainte que soulève ce projet est la destruction qui résulterait de la construction de cette ville en pleine forêt de Bornéo. 

En Egypte, ce n’est pas la montée des eaux mais la pollution qui a poussé le président Al-Sissi à lancer un projet monumental de déménagement de l’emblématique capitale Le Caire, pour une ville issue du désert. Sept fois la taille de Paris intramuros, 1 200 lieux de culte, présentée comme moderne, sûre et agréable, la nouvelle capitale — pas encore nommée — doit voir en 2020 le déménagement des premières institutions et l’arrivée du président. Pourtant, il semble y avoir des retards dans les constructions à cause d’investissements en suspens, comme le montre ce reportage de France 24 de mai dernier ou ce récit du Monde de juin dernier.

Ce n’est pas le premier projet ex nihilo dont la démesure laisse sceptique. En Birmanie, la ville de Naypyidaw fut construite au milieu d’une jungle et inaugurée en tant que capitale en 2005, pour désengorger Rangoun, elle semble être aujourd’hui déserte. 

Avec plus ou moins de succès, d’autres pays comme le Brésil, le Nigéria, le Kazakhstan et la Malaisie ont aussi décidé de changer de capitale. Récemment, Putrajaya, nouvelle capitale de Malaise depuis 1999 afin de diminuer la pollution de Kuala Lumpur, fermait ses écoles temporairement à cause de la forte pollution de l’air.

Il semble donc que construire des nouvelles villes ne suffit pas à contrer la pollution, mais qu’une solution globale d’urbanisme est à trouver, afin d’atteindre un équilibre idéal entre activité humaine et respect de son environnement. 

Par Victor Chevet, le

Source: CNews

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