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L‘Allemagne valide l’abattage des poussins mâles, jugés non rentables

Ils sont broyés et asphyxiés en masse dès la naissance

Ce mardi 11 juin 2019, la Cour administrative fédérale allemande s’est prononcée sur le sort de millions de poussins mâles. Il a notamment été décidé que la filière avicole continue d’avoir le droit d’éliminer des millions de poussins mâles jusqu’à ce qu’une méthode permette de le faire directement dans le feu à grande échelle. L’élimination industrielle de millions d’individus par les éleveurs est justifiée par l’argument de la “non-rentabilité”.

Quid de l’éthique ? 

La Cour administrative fédérale allemande, qui est par ailleurs la plus haute juridiction administrative de l’Allemagne, devait statuer sur ces méthodes utilisées sur les poussins mâles. Il fallait vérifier et trancher sur le fait que cette pratique soit conforme avec l’article premier de la loi sur la protection des animaux, qui stipule que “personne n’est en droit d’infliger aux animaux des douleurs, souffrances ou dommages sans motif raisonnable”. La Cour a ainsi jugé que cette pratique repose sur un “motif raisonnable jusqu’à l’apparition (…) de méthodes pour déterminer le sexe dans l’œuf”. Malgré tout, cette validation n’est que transitoire, rappelle la Cour.

Il faut bien rappeler que les poussins éclosent généralement dans des couvoirs. À partir de là, un tri est mis en place : les femelles, qui auront le rôle de poules pondeuses sont directement vendues aux éleveurs. Les mâles n’ont pas cette chance et sont généralement immédiatement tués, en raison de leur manque de rentabilité et de leur coût, s’il fallait les élever et les nourrir. Également, ils ne peuvent pas servir dans la production de poulets de chair. C’est en tout cas ce que jugent les industriels, qui considèrent que les poussins mâles nés dans cette filière dite de “ponte” ne respectent pas les termes de croissance et de “conformation de carcasse”, comme l’explique l’Institut technique d’aviculture (Itavi).

Il y a donc une décision en faveur de l’intérêt économique de toute une industrie. Du moins, dans l’immédiat. Les éleveurs estiment que les mâles n’ont pas d’intérêt dans la filière, représentent un coût trop élevé et seules les femelles sont dignes d’intérêt. Pourtant, ce débat remonte à 2013 en Allemagne, quand le ministère de l’Agriculture de la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a voulu s’attaquer à l’élimination en masse des poussins mâles. Malheureusement, les éleveurs avaient alors gagné ce combat juridique, renvoyant la décision à la Cour administrative fédérale allemande.

45 millions tués chaque année

Rappelons que, lors de cette phase de tri entre les poussins mâles et les poussins femelles, les individus masculins sont le plus souvent directement tués. Deux méthodes sont privilégiées, à savoir l‘asphyxie au dioxyde de carbone ou le broyage généralisé. Cette dernière est directement autorisée par un règlement européen qui date de 2009, dans le chapitre de la “protection des animaux au moment de leur mise à mort”. Chaque année, 45 millions d’individus sont tués de la sorte.

Cette pratique est très controversée en Allemagne. Comme nous vous l’avons dit ci-dessus, ce litige était déjà examiné par la Cour depuis 2013. Mais partout dans le pays, le fait de tuer massivement des poussins mâles est sujet à débat. D’ailleurs, la ministre de l’Agriculture allemande, Julia Klöckner, est notamment connue pour y être opposée. “Tuer des animaux dès leur naissance en raison de leur sexe, ce n’est pas possible”, comme l’a déclaré la ministre dans un quotidien régional allemand.

La ministre de l’Agriculture allemande a déclaré que 8 millions d’euros avaient été débloqués dans la quête d’alternatives à cette pratique polémique. Les méthodes de sexage directement dans l’œuf, afin d’éliminer les individus mâles, sont notamment directement visées. Si une partie de la population allemande estime que cela représente le futur, en triant systématiquement les poussins en fonction de leur sexe avant leur naissance, plusieurs agriculteurs estiment que ce n’est pas applicable à l’échelle industrielle. Ces pratiques sont toutefois en phase de test en Allemagne et aux Pays-Bas.

Enfin, les poussins mâles peuvent être élevés dans le domaine du bio. En revanche, il y a forcément un coût qui se répercute sur le consommateur, qui se mesure à hauteur de plusieurs centimes par œuf.

Par Benjamin Cabiron, le

Source: Le Monde

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    • à samourai – ces poussins servent de nourriture, d’appât et de récompense à tous les reptiles et rapaces carnivores de tous les zoos et parcs d’attraction, votre indignation devrait plutôt se porter sur les conditions d’élevage de ces poules et poulets destinés à l’industrie de la « bouffe ».

  • Pensez-vous que seuls les Allemands procèdent de la sortent? Ils le font certainement plus proprement. L214 nous a montré les pratiques en France de cette élimination: Sale, anti-hygiénique, mais le but est le même: éliminer les poussins mâles en les expédiant dans un entonnoir tombant dans une broyeuse. Ils ne souffrent pas…. mais cela devrait être plus propre….

  • C’est scandaleux, c’est une honte, en Allemagne ou ailleurs c’est ainsi que ça se passe et nous, simples citoyens que pouvons-nous faire pour que cesse cette torture, je suis sûre que des tas de personnes sont prêtes à agir pour s’y opposer mais comment???
    Merci si vous savez me répondre.

  • MICHELE DAWIRS
    C’est scandaleux, c’est une honte, en Allemagne ou ailleurs c’est ainsi que ça se passe et nous, simples citoyens que pouvons-nous faire pour que cesse cette torture, je suis sûre que des tas de personnes sont prêtes à agir pour s’y opposer mais comment???
    Merci si vous savez me répondre.

  • En France la pratique est plus artisanale, mais plus cruelle, car les poussins mâles sont jetés directement à la décharge et dévorés par les rats. Mais chacun sait que les Allemands apprécient hautement l’organisation et l’industrialisation.