Qui dit nouvelle fin d’année, dit nouveau bilan. Et comme tous les ans, celui qui recense la mortalité des personnes sans domicile fixe en France est sinistre. Ainsi, ils seraient officiellement 612 à être décédés dans le courant de l’année 2018, mais la liste, non exhaustive, pourrait en réalité être six fois plus longue. Ces victimes de l’indifférence collective étaient en grande majorité des hommes de moins de 50 ans.
Un bilan en hausse
C’est le triste bilan dressé mardi 29 octobre par le Collectif Les Morts de la Rue : 612 personnes sans domicile fixe sont mortes en 2018. Un bilan catastrophique, élaboré par des associations locales et grâce à la veille médiatique, qui fait état d’une hausse considérable de décès sur les 5 dernières années. Depuis 2013, année durant laquelle 461 décès ont été recensés, les victimes n’ont cessé d’augmenter, atteignant le chiffre de 511 en 2017.
Malgré ces données, l’association rappelle qu’il est difficile de faire preuve d’exhaustivité, et invite ainsi toute personne susceptible d’aider au recensement de ces tragiques disparitions à remplir un formulaire de signalement. En effet, sur l’ensemble des décès constatés, plus de la moitié ont eu lieu sous nos yeux, sur la voie publique ou dans des abris de fortune.
Ce rapport annuel tend à identifier au mieux ces populations dites « marginalisées », pour identifier les facteurs sociaux à risque et accompagner au mieux les personnes sans domicile fixe avec dignité. Autre objectif : comprendre les causes des décès, qui restent inconnues pour la majorité des recensés. Si les maladies semblent emporter le plus de victimes, les sans-abris sont particulièrement vulnérables aux agressions et aux accidents mortels. Quant au taux de suicide, il s’élève à 5% chez les sans-abris, contre 0,0001 % pour le reste de la population française.
Des victimes aux profils variés
Ainsi, les sans domicile fixe sont en grande majorité des hommes, d’une moyenne d’âge de 48,7 ans (l’espérance de vie en France est d’en moyenne 82 ans). Seuls 41 % d’entre eux sont de nationalité française, 20 % seraient sans domicile depuis plus de 5 ans, et 30 % d’entre eux souffriraient d’au moins une addiction à la drogue, à l’alcool ou aux médicaments.
Au-delà de ce « portrait robot », l’association a décidé de se pencher sur la faible mais non négligeable proportion de femmes décédées dans la rue en 2018. Particulièrement vulnérables, les femmes sans domicile fixe sont parfois exposées à des difficultés particulières liées à leur genre comme des agressions sexuelles ou des difficultés à se procurer des produits de première nécessité durant leurs menstruations.
LES FEMMES TRÈS TOUCHÉES
En 2018, elle sont au nombre de 280 à s’être éteintes dans la rue, à l’âge moyen de 45,6 ans. En moyenne, un tiers des victimes avaient des enfants. Elles étaient également un tiers à souffrir d’une addiction, et un quart d’entre elles souffraient de troubles mentaux. La plupart de ces femmes sans domicile fixe ont vécu une rupture familiale, ou ont quitté leur domicile pour échapper à des violences conjugales, encore trop nombreuses en France.
Parmi ces décès liés au mal logement en France, on trouve, de façon dramatique, de trop nombreux mineurs. 13 mineurs de sexe masculin ont été recensés en 2018, souvent des migrants. Du côté des femmes, pas moins de 24 mineures ont été déclarées mortes en 2018 dont l’écrasante majorité étaient des enfants de moins de neuf ans.
Un constat plus que dramatique, qui vise à désengorger le 115, pour offrir un hébergement stable et continu aux personnes sans ressources, dans le but de préserver leur santé, aussi bien mentale que physique, et, dans la mesure du possible, de participer de façon active à leur réintégration sociale.
Par Alice Mercier, le
Source: Le Parisien
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