Son nom est peut-être moins évocateur que ceux de Hayao Miyazaki ou d’Isao Takahata, mais Satoshi Kon est bien un maitre de l’animation japonaise dont le talent devrait être largement plus célébré. Réalisateur exigeant et iconoclaste, Satoshi Kon s’est imposé comme un créateur à part dans le domaine des animés, avant de s’éteindre prématurément en 2010 à l’âge de 46 ans. SooGeek vous propose de revenir sur ses chefs-d’oeuvre que sont Perfect Blue, Millennium Actress, Tokyo Godfathers et Paprika. 

Satoshi Kon nait en 1963 à Kushiro sur l’île de Hokkaido au nord du Japon. Passionné dès son plus jeune âge de dessin et lecteur assidu de mangas de science-fiction comme Mobile Suit Gundam ou encore Domu dont il devient un très grand fan, le jeune homme fait des études de design visuel à l’université d’art de Musashino. Il a ensuite l’occasion de travailler comme assistant mangaka sur Akira sous la direction de Katsuhiro Otomo ! Il publie en 1991 son premier manga relié sous la forme d’un volume, Kaikisen, mêlant cadre réaliste et éléments fantastiques, lui valant immédiatement la reconnaissance de ses pairs.

 

Kaikisen : 

 

Par la suite, Satoshi Kon continue de travailler avec Katsuhiro Otomo, notamment en scénarisant l’excellent segment Magnetic Rose du film Memories supervisé par Otomo en 1995. Cette première incursion dans le monde de l’animation va lui permettre de réaliser ensuite son premier film, Perfect Blue, en 1997. Interdit aux moins de 12 ans, Perfect Blue est un film d’animation violent et incisif racontant de manière réaliste et parfois crue les déboires d’une idole de la pop japonaise, Mima, aux prises avec un fan psychopathe. Outre son réalisme et sa maturité, Perfect Blue se démarque par le soin apporté à la caractérisation de ses personnages et surtout de son héroïne, de même que par l’utilisation par Kon du « réalisme subjectif », nous faisant voir l’histoire à travers le regard tourmenté de la protagoniste.

 

Perfect Blue : 

 

Fort du succès de Perfect Blue, Satoshi Kon se lance dans la réalisation de son film suivant, Millennium Actress, qui sort en 2001. Chef-d’oeuvre de montage, Millennium Actress nous fait revivre la vie d’une immense actrice japonaise (fictive), Chihiko Fujiwara, à travers les films de tous les genres dans lesquels elle a tourné. Sorte de kaléidoscope donnant à voir des brins de l’histoire globale et cinématographique du Japon, Millennium Actress est un film déroutant et incroyablement élaboré. Mais au-delà de la performance formelle, il s’agit également d’une histoire éminemment humaine et touchante. Millennium Actress, qui sort la même année que Le Voyage de Chihiro, rencontre un très beau succès critique.

 

Millennium Actress : 

 

En 2003 sort le film suivant de Satoshi Kon, Tokyo Godfathers. Les « Tokyo Godfathers » du titre, ce sont trois sans-abris tokoïtes, une femme trans, Hana, une adolescente fugueuse, Miyuki, et un alcoolique, Jin, qui trouvent un nouveau-né dans une poubelle le soir de Noël. Les trois compères vont donc traverser la capitale japonaise à la recherche des parents de l’enfant, passant entre autres par un club de yakuzas ou encore un bar de travestis. Tokyo Godfathers traite d’un sujet encore peu abordé dans la société japonaise avec un ton très juste, trouvant un parfait équilibre entre humour et gravité sans jamais traiter son sujet à la légère ou dévaloriser ses personnages très attachants.

 

Tokyo Godfathers : 

 

En 2004 Satoshi Kon réalise la série animée en 13 épisodes Paranoia Agent, qui rencontre elle aussi un beau succès critique. Cette série déroutante met en scène des meurtres violents dont il est difficile de dire s’ils tiennent de la réalité ou du rêve. En ce sens, Paranoia Agent est un parfait prélude à ce qui est considéré comme le véritable chef-d’oeuvre de Satoshi Kon, Paprika, sorti en 2006. Paprika est une adaptation du roman éponyme de Yasutaka Tsutsui dont Kon est un très grand fan. L’intrigue du film repose en fait sur le vol d’une machine permettant à tout un chacun d’entrer dans les rêves des gens, donnant l’occasion au réalisateur d’exploiter encore davantage son « réalisme subjectif » et de nous gratifier de scènes surréalistes, déroutantes et magnifiquement mises en scène. Son projet suivant, Yume Miru Kikai, devait viser un public plus jeune que ses réalisations précédentes et raconter les aventures de petits robots, mais Satoshi Kon est malheureusement mort d’un cancer en 2010, laissant derrière lui ses chefs-d’oeuvre et des fans endeuillés…

 

Paprika : 

 

Les films de Satoshi Kon sont vraiment des chefs-d’oeuvre à même de rivaliser avec les plus grands films, qu’ils soient d’animation ou tournés avec de vrais acteurs, ses sujets, et le traitement qu’il en fait, étant magnifiquement matures et travaillés. On ne peut que regretter qu’il soit parti trop tôt, mais nous pouvons parvenir à nous consoler avec ses quatre films magnifiques qu’ils nous a légués, même si on aurait bien sûr préféré le voir vivre et réaliser des longs-métrages extraordinaires pendant encore des années et des années. Laquelle de ses réalisations vous a le plus marqué ?

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