La vision abstraite d’une conscience humaine via Shutterstock
La conscience semble être la caractéristique principale qui différencie l’intelligence humaine de l’intelligence artificielle, celle des machines. Et bien qu’elle soit étudiée depuis très longtemps désormais, elle reste difficile à quantifier, ou même à identifier. Toutefois, SooCurious vous présente une théorie qui tente de le faire.
La question de savoir ce qu’est la conscience et qui en est doté est une question épineuse. Par exemple, les nouveau-nés, les patients atteints de lésions cérébrales, les machines très élaborées ou encore les animaux présentent des signes de conscience. Mais comment peut-on vraiment le savoir ?
On attribue un certain niveau de conscience aux nouveau-nés
Une théorie permettant de quantifier la conscience a désormais gagné le soutien de la communauté scientifique. Appelée théorie de l’information intégrée (ou ITT), elle a été proposée en 2008 par un neuroscientifique américain, Guilio Tononi. Concrètement, elle se propose de mesurer expérimentalement le degré de conscience d’un système.
La théorie de l’information intégrée suppose que tout système capable de traiter et d’intégrer des informations, qu’il soit organique ou non, observe le monde avec un certain niveau de subjectivité. Ainsi, selon cette hypothèse, la conscience peut se trouver partout où l’information est traitée, qu’il s’agisse d’un cerveau ou d’un ordinateur. Plus précisément, cette théorie établit qu’un système physique peut disposer d’une conscience si deux conditions physiques sont réunies.
Guilio Tononi
D’une part, l’entité doit être très riche en information. Car dès lors qu’un système est conscient d’un grand nombre de choses, on peut parler d’expérience consciente très différenciée. En revanche, alors qu’un cerveau humain et un ordinateur sont capables d’enregistrer une grande quantité d’informations, le premier est considéré comme conscient, alors que l’autre ne l’est pas. Cela pose donc la question des différences existant entre les deux systèmes.
D’une part, le cerveau humain est très fortement intégré, c’est-à-dire que le nombre de connexions existantes à l’intérieur dépasse de loin celui de tout ordinateur actuel. Et cela amène au deuxième postulat nécessaire à la théorie de l’information intégrée qui, comme son nom l’indique, suppose aussi que le système physique conscient soit hautement intégré.
Quelle que soit l’information dont on est conscient, celle-ci est présente dans l’esprit de façon entière et complète. Si bien que personne ne peut, par exemple, décomposer chaque image d’un film en une série d’images statiques. De la même manière, il est impossible d’isoler complètement les informations perçues par chacun des sens. Ainsi, l’intégration est une mesure qui différencie les cerveaux humains d’autres systèmes très complexes.
En empruntant le langage mathématique, Guilio Tononi a tenté de quantifier la conscience. Pour ce faire, il utilise une unité de mesure appelée Phi. Ainsi, un système avec un faible phi, comme un ordinateur, ne sera pas conscient. En revanche, une entité avec un phi élevé, comme le cerveau d’un mammifère, sera jugée consciente.
Récemment, une équipe de chercheurs a développé un instrument capable de mesurer une quantité d’informations intégré dans le cerveau humain. Ils ont utilisé des impulsions électromagnétiques pour stimuler l’organe cérébral et ont été en mesure de distinguer les cerveaux éveillés de ceux anesthésiés à partir de la complexité de l’activité neuronale détectée. Egalement, la même technique a permis d’identifier les patients blessés du cerveau dans un état végétatif, ou encore les moments ou des patients passaient d’un état de non-rêve à un état de rêve durant leur sommeil.
La théorie de l’intégration de l’information détermine aussi pourquoi le cervelet, une zone située à l’arrière du cerveau humain, semble ne contribuer que très peu à la conscience, ceci malgré le fait qu’il contient quatre fois plus de neurones que le reste du cortex cérébral, qui semble être le siège de la conscience. L’ITT suggérait que le cervelet était riche en information, donc très différenciée, mais la zone a échoué à la deuxième exigence de la théorie : l’intégration de l’information.
Le cervelet d’un cerveau humain via Shutterstock
Certaines implications de la théorie de l’intégration de l’information doivent encore être étudiées, notamment sur le plan philosophique. Car si la conscience est une caractéristique d’un réseau hautement intégré, comme le suggère l’ITT, alors il est probable que tous les systèmes complexes, donc possiblement toutes les créatures dotées d’un cerveau, ont une forme de conscience, au moins minimale. Cela pourrait donc remettre en cause la notion selon laquelle la conscience humaine serait une exception, et que l’Homme serait le seul être vivant capable de conscience.
La théorie de l’information intégrée semble très prometteuse puisqu’elle permet de quantifier la conscience, et donc tente d’identifier les entités qui en sont dotées. Et si elle reste pour l’instant à l’état d’hypothèse, elle est tout de même l’outil le plus aiguisé dont on dispose jusque-là. Si la complexité du cerveau humain vous intéresse, découvrez 9 faits surprenants sur les gauchers qui les différencient pleinement des droitiers.
Par Maxime Magnier, le
Source: iflscience
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