De récentes recherches ont mis en évidence le rôle essentiel des zèbres dans le désert africain du Namib. Lorsqu’ils se roulent sur le sol poussiéreux, ces équidés emblématiques créent des fosses qui stimulent la biodiversité.
Des centaines de fosses
S’étendant le long des côtes de l’Angola, de la Namibie et de l’Afrique du Sud, le Namib est le plus vieux désert au monde et également l’un des plus secs. Pourtant, de nombreuses espèces animales et végétales se sont adaptées pour survivre à cette aridité extrême, notamment le zèbre de montagne de Hartmann (Equus zebra hartmannae), vivant dans ses parties les plus escarpées et migrant au gré des précipitations.
Afin de se débarrasser des parasites, les zèbres ont l’habitude de se rouler sur le sol poussiéreux, déplaçant de grosses pierres avec leurs sabots et créant des fosses où ils se reposent et laissent également leurs excréments.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Ecology and Evolution, Thomas Wagner et ses collègues de l’université technique de Munich, en Allemagne, se sont demandé si de tels « aménagements paysagers fortuits », pouvant mesurer jusqu’à 30 centimètres de profondeur et persister pendant des années, bénéficiaient à l’écosystème local, comme cela avait été précédemment démontré dans le désert de Sonora, aux États-Unis.
Au cours de cinq saisons des pluies consécutives, les scientifiques ont calculé la couverture végétale à partir d’images de drone de plus de 650 fosses, en suivant le verdissement et le flétrissement du paysage après les pluies. Des échantillons prélevés sur place leur ont permis d’établir la nature du sol et sa composition végétale, qui ont ensuite été comparées à celles des prairies environnantes.
« Ces travaux soulignent leur rôle clé dans le maintien des écosystèmes »
Il s’est notamment avéré que le sol des fosses était principalement composé de sable fin, plutôt que de gravier, ce qui permettait à l’eau de pluie de s’infiltrer environ deux fois plus profondément et de le maintenir humide plus longtemps.
Les niveaux d’azote et de phosphate étaient également plus élevés, probablement à cause des excréments. Restant également vertes plus longtemps, les fosses étaient dominées par des plantes à fleurs plutôt que par des herbes vivaces, et accueillaient également davantage d’arthropodes phytophages, tels que les sauterelles à cornes courtes et les papillons.
« Les agriculteurs locaux considèrent souvent les zèbres comme un problème », souligne Kenneth Uiseb, membre de l’équipe du ministère namibien de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme. « Ces travaux soulignent leur rôle clé dans le maintien des écosystèmes, et les avantages potentiels qu’ils apportent au paysage. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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