Imaginez : il est tard dans la nuit et un des pneus de votre voiture vient de crever. Mais plutôt que de sortir sous la pluie, vous patientez pendant qu’il se répare seul ! Et bien cela pourrait devenir réalité grâce à des matériaux autocicatrisants.
Voilà une innovation qui a le mérite de répondre à la fois à des enjeux écologiques et énergétiques ! Depuis plusieurs années, les recherches se sont multipliées dans le but de développer des matériaux pouvant se réparer seuls suite à un choc ou à l’usure. Des chercheurs de l’Université de l’Illinois étaient ainsi parvenus à insérer une «rustine» chimique sous forme de fines capsules dans des matériaux durs. Après avoir été brisées, ces capsules libéraient les réactifs, qui se solidifiaient et comblaient la fissure ! Cela limitait cependant l’action à une seule réparation sur une zone bien ciblée.
Les chercheurs du laboratoire «Matière molle et chimie» (École supérieure de physique et de chimie industrielle de la Ville de Paris/CNRS) sont allés encore plus loin ! Ils ont créé des matériaux élastiques capables de se réassocier après une coupure. Pour cela, ils se sont appuyés sur les travaux en chimie supramoléculaire de Jean-Marie Lehn, qui vise à construire des édifices dans lesquels les molécules s’accrochent les unes aux autres. Ainsi, quand les deux bords d’un morceau coupé sont mis l’un contre l’autre, les liaisons se reforment entre les molécules et le matériau retrouve sa forme initiale. Des résines et des élastomères dotés de ces propriétés d’auto-cicatrisation sont déjà proposés par le groupe Arkema ! Ils trouvent leur application dans le domaine de l’industrie textile, de l’automobile ou encore de la pharmacologie (comme pour concevoir les bouchons de bouteilles de médicaments).
Aujourd’hui, les recherches se poursuivent aux États-Unis et en Europe pour concevoir des matériaux rigides pouvant à leur tour s’autoréparer. Et l’on peut d’ors et déjà imaginer qu’ils trouveront de nombreuses applications, dans le domaine de la construction de routes et de bâtiments, qui pourraient alors s’autoréparer après les intempéries !
Et vous, quel objet de votre quotidien rêveriez-vous de pouvoir voir se réparer seul ?
Par Alex Dobro, le
Source: Le Figaro