L’Autrichien Peter Salzmann, aventurier et pilote de wingsuit renommé, a une nouvelle fois franchi les frontières du possible. Après avoir déjà innové avec une combinaison ailée dotée d’un propulseur électrique, Salzmann vient de tester une technologie inédite : un système de foil conçu pour améliorer la portance de sa wingsuit et prolonger la durée de son vol. Ce dispositif unique pourrait bien représenter un tournant dans le vol humain.
Salzmann s’était déjà distingué dans le monde de la wingsuit en collaborant avec BMW pour créer un système de propulsion électrique, permettant d’atteindre des vitesses hallucinantes et de maîtriser de nouvelles trajectoires de vol. Mais avec l’aide de l’expert en wingsuit Andreas Podlipnik et les ingénieurs de Red Bull Advanced Technologies, Salzmann a passé trois années à développer un foil novateur. Ce dispositif, semblable aux ailes des hydroptères, permet une plus grande portance et une descente plus lente, augmentant ainsi le temps de vol.
Conçus pour être fixés sur le torse, les foils de Salzmann ont demandé de nombreux essais en soufflerie et six prototypes avant de trouver la bonne formule. Après une phase d’optimisation minutieuse, réalisée notamment avec l’appui d’experts en aérodynamique de la F1, le modèle final est constitué d’une aile légère de 2,1 mètres de large, fabriquée en mousse et matériaux imprimés en 3D, et pèse environ 5,45 kg.
Le 24 octobre, Salzmann a marqué l’histoire de la wingsuit en se lançant depuis la Jungfrau, un sommet emblématique des Alpes suisses situé à plus de 4 000 mètres d’altitude. Après avoir monté et ajusté son foil, il s’est élancé dans le vide pour un vol record. Au cours de sa descente, il a parcouru une distance horizontale de 12,5 km, pulvérisant le record de Dean Potter datant de 2011 et établissant ainsi un nouveau record pour le saut BASE le plus long en wingsuit. Ce saut a également permis d’atteindre un autre record de durée : Salzmann a volé durant 5 minutes et 56 secondes avant d’ouvrir son parachute, contre 3 minutes et 20 secondes pour Potter sur une distance plus courte.
Outre la distance et la durée du vol, Salzmann a également établi un record d’altitude de saut BASE en wingsuit, descendant de plus de 3 400 mètres entre son point de départ et l’atterrissage dans la vallée. Il est important de noter que les records établis lors de ce saut sont spécifiques au saut BASE, une discipline qui diffère des records de vol en wingsuit depuis un avion. Par exemple, le Colombien Jhonathan Florez avait en 2012 parcouru 26 km lors d’un vol en wingsuit de 9 minutes, mais en partant d’un avion à 11 000 mètres d’altitude.
Avec ces exploits, Salzmann a prouvé l’efficacité du foil pour améliorer la portance et prolonger le temps de vol. Selon Andreas Podlipnik, cette innovation permet d’atteindre un rapport de finesse – distance parcourue horizontalement par rapport à la hauteur perdue – de près de 3,7, bien au-delà des capacités habituelles d’une wingsuit classique. La performance exceptionnelle réalisée par Salzmann, ainsi que la passion des amateurs de sports extrêmes pour les expériences de vol non motorisé laissent penser que de nouveaux records pourraient être tentés à l’avenir, que ce soit avec la wingsuit à foil ou d’autres dispositifs. L’envie humaine de toucher du doigt la liberté des oiseaux semble toujours aussi forte, et le chemin de Salzmann pourrait bien inspirer d’autres aventuriers.
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